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Léo-Ernest Ouimet. Source image : http://www.stat.gouv.qc.ca

Mission

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 06/01/2006 - 10h00

Il y a 100 ans La Cinémathèque célèbre l'ouverture du Ouimetoscope Presse Canadienne (PC) Il y a 100 ans ce mois-ci Léo-Ernest Ouimet ouvrait son célèbre Ouimetoscope, première salle permanente de cinéma à Montréal. Quelques mois plus tard, en octobre 1906, il tournait son premier film, inaugurant l'histoire du cinéma québécois dont il fut l'incontournable pionnier sur tous les plans: exploitant, distributeur, réalisateur, producteur. Pour fêter cet anniversaire, qui est aussi le centième du cinéma québécois, la Cinémathèque québécoise invite le public à une soirée d'époque le 13 janvier telle qu'en préparait Ouimet pour son public: films, musiques, chansons, boniments et attractions diverses. Mes espérances en 1908, un des seuls films de Ouimet conservés, dont la Cinémathèque québécoise est la seule détentrice, sera notamment présenté pour l'occasion. Né à Saint-Martin-de-Laval en 1877, Léo-Ernest Ouimet est décédé à Montréal en 1972. Il avait ouvert le Ouimetoscope le 1er janvier 1906.

Informations sur Léo-Ernest Ouimet :

OUIMET, Léo-Ernest, distributeur, exploitant, producteur, réalisateur (Saint-Martin-de-Laval, 1877- Montréal, 1972). Fils d'agriculteurs, il devient électricien et prépare pour le théâtre National et le parc Sohmer de Montréal d'ingénieux éclairages et trucages pour des spectacles. Ce travail le met en contact avec divers projectionnistes ambulants. Vers 1904, il achète un projecteur et présente lui-même des spectacles. En janvier 1906, il ouvre le premier vrai cinéma de Montréal, le Ouimetoscope. Le succès est phénoménal. De nombreux concurrents l'imitent, mais c'est chez lui qu'ils doivent se procurer films et appareils, car il est aussi devenu distributeur. En 1907, il rase ce premier cinéma pour en construire un nouveau : un des premiers vrais palaces de cinéma du monde. Toujours à l'avant-garde, il se procure une caméra et se fait producteur dès l'automne 1906 en filmant, outre sa famille (Mes espérances en 1908, 1908, c. m.), l'actualité montréalaise : compétitions sportives, assemblées politiques, célébrations religieuses et faits divers sont projetés au Ouimetoscope et vendus aux autres exploitants. Les plus connues de ces bandes d'actualités sont La chute du pont de Québec (1907, c. m.), L'incendie de Trois-Rivières (1908, c. m.) et Le congrès eucharistique de Montréal (1910, c. m.). Son activité se heurte toutefois à deux obstacles : l'autorité ecclésiastique, qui juge le cinéma immoral, et les magnats du cinéma américain. Ces derniers fournissent presque tous les films vus au Québec et Ouimet est forcé de leur vendre son commerce de distribution en 1908. Il essaie de tenir tête au clergé et se lance dans une lutte judiciaire qui durera des années. En effet, ce n'est qu'en 1912 que la Cour suprême du Canada finit par autoriser les spectacles de cinéma le dimanche au Québec. Pour gagner sa cause, Ouimet s'est cependant ruiné.

En 1914, lorsqu'est démantelé le trust américain du cinéma, il revient à la distribution en mettant sur pied Pathé Famous Feature Film Syndicate of Quebec, qui deviendra, l'année suivante, Speciality Film Import. La firme a des bureaux dans toutes les grandes villes canadiennes et distribue les films Pathé. Ouimet y ajoute des films d'actualités tournés par ses opérateurs : Inauguration du pont de Québec (c. m.), Visite du maréchal Joffre (c. m.), Explosion dans le port de Halifax (c. m.), etc. En 1919, il présente de nouvelles actualités deux fois par semaine, intercalant productions étrangères et actualités canadiennes tournées par les opérateurs de la Speciality : Funérailles de Laurier (c. m.), Visite du prince de Galles (c. m.), Construction du barrage Gouin (c. m.), Procession de l'armistice (c. m.) etc. Il produit également de nombreux films publicitaires et trois documentaires-fictions tournés en 1918. Le premier, The Call of Freedom (m. m.), montre la vie d'une recrue à l'entraînement. Une intrigue faite de scènes de fiction relie les images filmées dans des camps comme celui de Valcartier. Le deuxième, Le feu qui brûle, est une comédie où se mêlent une intrigue policière et des images prises lors d'interventions des pompiers montréalais. Le film est présenté dans le cadre de la campagne annuelle de financement de l'Association de bienfaisance des pompiers de Montréal, organisme qui en avait commandité la production. Ce premier long métrage québécois reste à l'affiche du Théâtre français à Montréal pendant trois semaines. Quant au troisième film, Sauvons nos bébés (m. m.), il est destiné à appuyer une campagne contre la mortalité infantile. Un enfant d'une famille miséreuse y retrouve la santé grâce à l'intervention d'une infirmière dont les conseils d'hygiène apparaissent en intertitres.

En 1922, la concurrence est devenue si forte qu'Ouimet se voit obligé de vendre Speciality à son rival le plus féroce, L. L Nathanson, propriétaire de la maison de distribution Regal Films. Au début de cette année il fonde une nouvelle compagnie, Laval Photoplays, afin de produire des longs métrages de fiction. La compagnie est incorporée au Canada et aux États-Unis. Ne croyant pas à la possibilité de poursuivre de telles ambitions au Québec, avec son panache habituel, il s'installe à Hollywood. Après maintes difficultés, il y achève, vers la fin de 1923, Why Get Married ? (P. Caseneuve), le seul film que produira Laval Photoplays. Ce long métrage sort à Montréal en février 1924, distribué par Regal Films. L'intrigue du film compare la vie de deux jeunes filles dont l'une trouve le bonheur dans le mariage et la vie au foyer, tandis que l'autre poursuit sa carrière, ce qui la mène au divorce. Le film n'obtient pas le succès escompté. Ouimet, qui traverse une période difficile, survit en s'occupant de distribution en Californie, puis à Toronto. En 1933, il revient à Montréal, où l'on commence à exploiter le film parlant français. Il collabore avec les Films des Éditions Edouard Garand. Cette entreprise ayant été achetée par France Film en 1934, Ouimet loue le cinéma Impérial pour y présenter des films français et du théâtre. Il doit abandonner en 1936 lorsqu'un incendie à l'Impérial fait deux victimes dont les parents le poursuivent devant les tribunaux. Ruiné, Ouimet en est réduit à user de ses relations politiques pour se trouver, en 1937, un emploi de gérant dans une succursale de la Commission des liqueurs du Québec. Il y travaillera jusqu'à ses quatre-vingts ans, en 1957. Il continuera toujours à s'intéresser au cinéma, expérimentant même, dans les années 40, un procédé de projection en relief pour lequel il veut obtenir un brevet d'invention.

Ouimet est un homme hors du commun, un pionnier dans tous les domaines de l'industrie cinématographique au Canada. Ses succès sont le fruit de son esprit novateur, et ses revers sont dus à la concurrence américaine et au peu de soutien des politiques nationales à l'égard de la culture. De 1981 à 1994, l'AQCC remet un prix qui porte son nom au réalisateur du meilleur long métrage québécois, le prix L.-E.-Ouimet-Molson. La conquête du grand écran (A. Gladu, 1966) reconstitue sa carrière au cinéma.


Source : Le dictionnaire du cinéma québécois, Les Éditions du Boréal, 1999