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    Souveraineté alimentaire, quel partage et quelles implications? Un point de vue militant éclairé…

    Par Marie-Odile Lebeau | 26 novembre 2008

    Céline Poissant, chercheure sociale, fermière écologique de Sainte-Mélanie et pionnière de l’Union Paysanne de Lanaudière, nous livre ses réflexions sur les dangers de récupération opportuniste, commerciale et politique, des préoccupations citoyennes actuelles pour une véritable démarche de souveraineté alimentaire. Elle s’implique avec engagement et rigueur dans des tentatives progressistes d’orchestration de groupes d’action et réflexion…; soit dans des démarches se voulant « supposément participatives » et dans des projets sociaux «qui se veulent alternatifs »… Nous lisons dans ces remarques un constat désarmant, à l’instar de nombre d’autres participants, sur la difficulté d’en arriver à un vrai respect des valeurs véhiculées et des agents de changement impliqués.

    Au sujet d’un nouveau portail de souveraineté alimentaire présenté comme un modèle intéressant à étudier par un militant écologiste, elle émet l’idée suivante : « il n’est quand même pas impossible qu’un outil du genre du site proposé puisse servir à développer une façon de nourrir les Québécois de produits de base sains produits chez nous, mais il faut rester vigilant sur les risques de dérive essentiellement commerciale au nom de la «souveraineté alimentaire.»

      « pour ma part, je défends très fort la souveraineté alimentaire, mais en même temps c’est un concept qui a tendance à être récupéré de façon très opportuniste par tout un chacun qui a quelque chose à vendre et surtout dans un créneau de marché étroit. Personnellement, si je retourne à la racine du concept de souveraineté alimentaire (la Via Campesina, mouvement paysan international), il s’agit d’abord (en résumé) de « nourrir son peuple avec des aliments sains produits chez soi selon des politiques agricoles décidées par le peuple ». Il y a une distinction très claire entre « nourrir son peuple» (les aliments de base!!!) et produire des « produits du terroir » qui sont avant tout des produits de luxe (produits transformés à valeur ajoutée) destinés à une fraction limitée de la population.  Dans un contexte mondial de crises superposées (alimentaire, économique et écologique), il faut d’abord viser à rendre disponible pour tous les Québécois des aliments de base sains produits chez nous. Et rester solidaires des autres peuples et paysans du monde qui réclament une véritable souveraineté alimentaire parce qu’ils sont plus que jamais confrontés à un système agroalimentaire mondial qui les étouffe et à une faim croissante et inacceptable qui en est la conséquence… Bref, ne confondons pas les pommes et les oranges!!!!”

    Catégorie: Débats et réflexions, Participer
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    5 réponses à “Souveraineté alimentaire, quel partage et quelles implications? Un point de vue militant éclairé…”

    1. cardamome dit:
      27 novembre 2008 @ 8:05

      si j’ai bien compris, et c’est ce que je pense, si , par exemple, le soja est consommé sur place, cela permet à des populations souffrant de faim de manger correctement au lieu de venir nourrir nos vaches et cochons. il faut 7 équivalents proteine végétale pour fabriquer seulement un équivalent proteine animale! et ainsi de suite pour bien d’autres produits

    2. Marie-Odile Lebeau dit:
      27 novembre 2008 @ 19:20

      Le texte de Madame Poissant fait référence au lavage facile des consciences avec le prétexte de consommer ou encourager quelques produits de luxe dits de terroir, alors que tant de gens ont faim parce qu’on décide de leur accès à la nourriture et aux moyens de produire, tant ici qu’au Sud… Pour que cela fasse la différence il faudrait justement se rendre là où vous nous amenez avec la possibilité de dire non au gaspillage écologique et nutritionnel que constituent des politiques privilégiant l’utilisation prioritaire de bonnes terres pour nourrir les excellents transformateurs que sont les animaux, avec une approche de maximisation des profits plutôt que de rationnalisation et de partage des ressources… Noous wen sommes bien loin chez nous!

    3. Marie-Odile Lebeau dit:
      27 novembre 2008 @ 23:44

      Voici une suite de cette conversation entre militants qui précise cette opinion sur la place des produits de rerroir et circuits courts: “pour dire les choses de façon imagée, l’agriculture de proximité et les produits transformés peuvent être des ingrédients de la souveraineté alimentaire, mais ces seuls ingrédients ne permettent pas de réaliser la véritable recette. Ils donnent une saveur, ils épicent, mais les ingrédients principaux sont autres…”

    4. Benoit Michaud dit:
      1 décembre 2008 @ 9:55

      J’imagine et je comprends parfaitement que l’agriculture de proximité et les transformations secondaires de nos produits de bases ne sont pas synonymes de souveraineté alimentaire… Je veux bien croire à deux idéologies dans un libre marché de production et d’accès à l’alimentation pour tous. Il n’en demeure pas moins que les deux forment de soutien à une agriculture durable et viable peuvent être complémentaires sans toutefois être de même nature. Bien que je m’inscris d’abord dans une démarche d’accès à des denrées de bases avant d’étendre la mise en marché de ceux-ci…

      Il y a certainement lieu ”d’alimenter” cette conversation pour bien distinguer les bases de la souveraineté alimentaire du développement bio-alimentaire au service d’une économie de marché régionale. Faut-il rappeler cependant que plusieurs petits producteurs agricoles, pour des raisons de survie cherchent des moyens de se faire connaître par des réseaux de communication les appuyant. Voir Equiterre et les fermiers de familles: http://www.equiterre.org/agriculture/paniersBios/index.php Sinon, certains, pour faire connaître leurs productions, choisissent également de proposer des produits transformés à la population locale ou régionale. ( exemple: La Courgerie http://www.lacourgerie.com/). D’autres petites entreprises comme Pied à Terre de St-Élizabeth, ( http://piedterre.com/ ) proposent la distribution de produits alimentaires de base auprès des familles lanaudoises. Et qu’en est-il de nos producteurs de fromages (produit de base? trop cher pour une alimentation saine? ) dont certains s’assurent d’un approvisionnement de produits laitiers locaux et qui cherchent une éventuelle appellation biologique? (exemple: Du champ à la Meule, Notre-Dame de Lourdes).

      Sans aucun doute, il y a un maillon faible à la chaîne. Il n’existe pas pour le moment un véritable réseau de base indépendant et non syndical de producteurs agricoles qui s’inscrivent dans une véritable conception de la souveraineté alimentaire au sens propre du terme… D’où cette idée de développer un modèle… pour la région de Lanaudière.

      José Bové, militant alter mondialiste bien connu, nous invite à réfléchir: ” Notre conception de la souveraineté, c’est justement de laisser les peuples se penser eux-mêmes, sans imposer de modèle ni agricole ni de société, et de vivre cette souveraineté dans l’ouverture et la solidarité. La première souveraineté c’est la souveraineté alimentaire: pouvoir se nourrir et choisir comment et avec quoi se nourrir.” (tiré du livre La Via Campesina, chez Ecosociété 2008 ).

    5. Benoit Michaud dit:
      1 décembre 2008 @ 10:29

      Pour faire du chemin avec le concept de souveraineté alimentaire, voire même si c’est ce que l’on comprend comme approche, voici le lien avec l’interview ” Le point de vue d’un souverainiste… alimentaire”, de Télé-Québec qui l’a placée en Éditorial.

      http://kilometrezero.telequebec.tv/edito.aspx

      Je ne dis pas que je suis entièrement favorable à la formule proposée sous l’appelation de souveraineté alimentaire. J’amène simplement une élément qui bouge en ce sens et qu’il faut prendre en compte. Si il faut s’inscrire en faux par rapport à la récupération commerciale du concept de souveraineté alimentaire, il faut tout de même reconnaître qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction…

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