Greenpeace se préoccupe davantage de notre environnement que le gouvernement du Québec. J’ai appris ce matin que Québec avait signé avec l’Union des Producteurs Agricoles (UPA) une entente qui exempte le milieu agricole de toute nouvelle mesure environnementale d’ici 2010. Greenpeace demande, avec raison, à ce que cette entente soit annulée afin de diminuer au minimum les charges de phosphore qui proviennent des terres agricoles.
Selon l’organisme environnemental, Québec devrait revoir immédiatement son modèle industriel d’agriculture pour l’orienter vers une agriculture écologiquement durable. De toute façon, en matière d’agriculture industrielle, les pays comme l’Inde et la Chine vont toujours nous dépasser car il n’y a pas de normes environnementales là-bas. On retrouve aussi beaucoup d’intoxications liées aux denrées alimentaires de ces pays. On ne peut être en compétition avec ces pays. Il faut donc abandonner les filières sales de l’agriculture Frankenstein et refiler les subventions au développement de l’agriculture biologique et à l’agriculture écologiquement durable. "Va-t-il falloir continuer à regarder jusqu'en 2010 ce gouvernement fermer des lacs et des plages sans qu'il ne comprenne et nous explique le pourquoi ou qu'il ne s'attaque aux plus importantes causes de la prolifération des cyanobactéries", interroge Eric Darier, de la campagne Agriculture de Greenpeace. "La contamination de nos plans d'eau est un signal de plus de la dégradation de notre environnement. Elle donne un indice flagrant des politiques inadéquates du gouvernement du Québec".
Le gouvernement a sonné la trompette pour annoncer son plan de lutte contre les algues bleues : http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/12860. Le plus choquant c’est que beaucoup plus discrètement, il avait d’abord signé une entente avec l’UPA pour que le secteur agricole puisse continuer à faire ce qu’il veut. Je veux bien des denrées alimentaires économiques, mais pas au point de voir les lacs et cours d’eau de la province mourir. Je préfère payer un peu plus cher pour mon épicerie et vivre dans une province plus propre.
Il faut de toute urgence diminuer les charges de phosphore en provenance des bassins versants qui alimentent des lacs contaminés ou en voie de l’être. Les particuliers et les industries font leur part, pourquoi pas le secteur agricole? Et en 2010, va-t-on signer aussi discrètement une prolongation de l’entente qui va dégager le secteur de l’agriculture Frankenstein jusqu’en 2020? C’est ce qui choque dans cette nouvelle. Je ne dis pas que cette entente ait été signée en cachette, je dis qu’elle s’est faite beaucoup plus discrètement que le plan fantoche de lutte contre les algues bleues du gouvernement Charest.
"De nombreux rapports ont établi que les excédents de phosphores provenant de pratiques agricultures non écologiques demeurent la source principale (généralement les 3/4) de propagation des algues bleues, et ce, jusqu'à la mort des lacs et des cours d'eau", constate Eric Darier. Sur le plan immobilier, environnemental et touristique le prix à payer va être énorme pour chaque lac contaminé. Certes notre épicerie coûte moins cher, mais si on calcule le coût environnemental, économique et touristique de cette agriculture Frankenstein, notre panier d’épicerie coûte finalement beaucoup plus cher ( lire à cet effet : http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/177 ) Nous ne faisons que financer l’agriculture traditionnelle qui n’arrive plus à boucler et en plus il faut qu’on dégage ce secteur de ses responsabilités environnementales pour ensuite payer de nouveau pour nettoyer nos cours d’eau. Trop c’est trop. J’encourage fortement Greenpeace à continuer les pressions pour contrer l’inaction du gouvernement Charest. "Après plus de 30 ans d'industrialisation à outrance (porcheries industrielles, monoculture du mais, OGM, pesticides, herbicides, engrais, déboisement, etc.), il semble de plus en plus évident que nos milieux naturels atteignent un point de non-retour", affirme Eric Darier. Et c’est vrai. Si nous devons subventionner l’agriculture que ce soit l’agriculture bio et écologiquement durable. Laissons les monocultures intensives et l’agriculture industrielle aux pays qui acceptent de détruire complètement leur environnement.
L’exemption donnée à l’UPA jusqu’en 2010 (et peut-être plus?) envoie un mauvais message aux citoyens et surtout aux agriculteurs qui veulent agir de manière responsables. Pourtant lors d’audiences régionales tenues en hiver et au printemps 2007, la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire http://www.caaaq.qc.ca/ a entendu des dizaines de mémoires et témoignages de partout au Québec sur les solutions de bonnes pratiques agricoles écologiques. Les mémoires ont-ils été tablettés? "Malheureusement, ces bonnes pratiques agroécologiques ne reçoivent pas ou peu d'aide du gouvernement qui continue par contre à subventionner généreusement les pratiques agricoles qui ne sont ni écologiquement ni socialement durables", conclut Eric Darier. Greenpeace participera aux audiences nationales de la CAAAQ, début septembre et proposera 24 recommandations structurantes pour une agriculture plus verte. On ne peut que s’en réjouir.
Tout syndicat, organisme, entreprise ou simple citoyen, ne devrait pas avoir le droit de se soustraire à ses responsabilités environnementales, même pour un court laps de temps. On dirait bien que l’UPA est devenue l’Union des pollueurs agricoles et ce avec la bénédiction du gouvernement Charest.