L'Histoire se répète, les églises ferment les unes après les autres. Cette fois ce sont trois des neuf églises de Rimouski qui fermeront le 2 janvier 2008. Ce sont les églises de Nazareth, Saint-Odile et Saint-Yves. Histoire d'une mort annoncée.
Mgr Bertrand Blanchet, Archevêque de Rimouski, dans le cadre du réaménagement pastoral de Rimouski, a pris la décision de fermer trois des neuf églises de la ville. Décision tragique et déchirante prise à quelques temps de sa retraite. Cela s'est fait à la suite de l'analyse humaine, organisationnelle et financière de chaque paroisse de cette municipalité du Bas-Saint-Laurent.
Le nombre de paroisse devait passer de neuf à trois. L'archevêque a plutôt décidé qu'il y aurait une seule et grande paroisse. L'administration de cette nouvelle entité sera concentrée au presbytère de la nouvelle paroisse de St-Germain. Un nom choisi pour des raisons généalogiques, historiques et géographiques.
L'avenir des églises restantes est aussi loin d'être assuré. Saint-Agnès, Saint-Pie-X et Saint Robert sont des églises au sort indéterminé. Les fidèles qui meurent ne sont pas remplacés. La pratique religieuse est en décroissance. La situation sera à réévaluer dans quelques années (3 à 5 ans).
Cette triste histoire reflète un tabou : la fin de l'Église catholique de Rome au Québec. C'est inéluctable. L'Église catholique telle que nous la connaissons est vouée à disparaître au Québec. Je ne parle pas ici de la foi chrétienne qui, elle, est bien vivante. C'est en l'institution religieuse en laquelle les gens ne croient plus. Cette institution, trop proche du pouvoir jusque sous le règne de Duplessis, a protégé des prêtres pédophiles et a commis bon nombre d'abus. Tout ça à un niveau institutionnel. La foi chrétienne n'est pas remise en question, l'institution, elle, est remise en question. La preuve en est qu'elle est abandonnée par les croyants à un point tel qu'il faille sans cesse fermer des églises à la grandeur de la province que ce soit en ville ou en région. Ce qui se passe à Rimouski aujourd'hui n'est pas un cas isolé. Aux raisons invoquées par l'Archevêque de Rimouski il faudrait ajouter le manque de prêtre. Presque plus personne ne veut devenir prêtre aujourd'hui.
On peut comprendre pourquoi. Il faut d'abord avoir une foi sans faille, faire vœu de pauvreté et de chasteté dans une institution qui affiche une richesse ostentatoire et qui fait la manchette plus souvent qu'à son tour pour des affaires de mœurs. Avouez que ce n'est pas très attirant si vous êtes un tant soi peu équilibré. Pourtant c'est injuste. La majorité des prêtres, frères et sœurs qui ont œuvré dans l'Église sont honnêtes. Ce sont de bonnes personnes qui ont fait beaucoup pour le Québec. Si le fait français demeure en Amérique, c'est grâce à l'Église catholique du Québec. Beaucoup d'orphelins et de malades doivent leur salut ou leur guérison à ces hommes et ces femmes qui avaient la vocation de manière sincère et vivante.
Malheureusement, les quelques brebis galeuses qui furent protégées par les plus hautes instances ont porté un coup fatal à l'institution. L'institution ce sont les bâtiments, les meubles et les objets. Or, une religion, ce n'est pas ça. Une religion c'est une croyance, c'est la foi et ce sont les croyants. La religion chrétienne est donc bien vivante au Québec, mais l'institution catholique, elle, est moribonde. Et c'est tant mieux.
Pour moi, baptisé catholique, j'estime que l'institution n'a pas été à la hauteur des officiants sincères et bons qui ont donné leur vie à leur sacerdoce. Elle n'a pas été à la hauteur en protégeant ses brebis galeuses dans divers dossiers d'abus d'enfants, par exemple. En agissant ainsi, l'institution a jeté du discrédit à une majorité d'hommes et de femmes qui servaient avec obéissance et discrétion. L' Institution s'effondre, mais la mémoire de ses serviteurs ne disparaîtra pas. Bien au contraire. Ceux qui ont remplis leur sacerdoce avec intégrité et honnêteté auprès des étudiants, des malades et des croyants ont donné sens à leur vie en aidant.
Les aidés ce sont les Québécois de toutes les régions. Ces derniers sont reconnaissants envers ces hommes et femmes qui ont sacrifiés leur vie pour les autres. Ceci dit, les Québécois ne sont pas reconnaissants envers l'institution qu'est l'Église catholique romaine pour avoir protégé de sombres individus qui infestaient ses rangs. Les Québécois ne sont pas reconnaissant envers une institution qui n'est pas à l'écoute de ce qu'ils sont majoritairement : des gens ouverts d'esprit et respectueux de la différence.
Les Québécois sont pour la liberté de choix en matière d'avortement. Pas l'Église. Les Québécois sont pour l'ordination des femmes et le mariage des prêtres. Pas l'Église. Les Québécois sont pour les droits des homosexuels au même titre que les hétérosexuels. Pas l'Église. Les Québécois sont pour la contraception. Pas l'Église. Les Québécois veulent être en couple sans se marier. L'Église est pour l'abstinence hors du mariage. Un fossé sépare les Québécois de l'Église catholique romaine.
Dans un tel contexte, l'Église catholique romaine est vouée à la disparition pure et simple. Ce n'est pas une mauvaise chose. Cette institution ne respecte pas ses fidèles et ses officiants pour ce qu'ils sont : des êtres humains. Cette institution cultive encore la culpabilité et la crainte de l'enfer pour garder son pouvoir. C'est plus subtil qu'au Moyen-âge ou au temps de l'Inquisition, mais c'est encore ça.
Dans un tel contexte, les croyants vont s'arranger eux-mêmes autrement. Si l'institution n'est pas plus à l'écoute des réalités d'aujourd'hui, ce sera la fin de l'Église catholique. Ce qui se passe à Rimouski aujourd'hui est symptomatique d'une mort annoncée.
L'Église catholique romaine préfère se marginaliser, voire mourir, plutôt que de s'adapter au monde d'aujourd'hui. Il ne restera qu'à la toute fin que quelques membres de l'Opus Dei et d'irréductibles pour maintenir une institution déconnectée de la population. Les églises du Québec seront presque toutes transformées en condominiums ou détruites.
Les seuls responsables de cela seront les dirigeants de l'Église catholique. Comme toute dictature (obéissance absolue de ses soldats et du peuple), elle est vouée à disparaître. Les soldats et le peuple sont les véritables gardiens de la foi, de l'espoir et de l'avenir. Et l'Église catholique romaine en tant qu'institution ne fait pas partie de cet avenir.
Bien heureux que la foi chrétienne vous anime toujours…
Jasmin Lemieux-Lefebvre, Télévision Sel + Lumière
Lundi 30 Avril 2007 2:00:03 pm