André Belisle, porte-parole de la Coalition Québeckyoto (http://quebeckyoto.org/ ), a affirmé aux médias (juste Radio-Canada pour être précis) que Greenpeace et Équiterre, deux organismes sympathisants, minent la lutte contre le port méthanier. « Ils ont fait plusieurs choses qui, pour nous, ont été des problèmes importants. Ça rend plus fragile la position du mouvement environnemental », déplore-t-il. Il a tort selon moi. En effet, c’est l’attitude de confrontation négative de la Coalition Québeckyoto, anciennement Québec vert Kyoto, qui fragilise le mouvement environnementaliste. Je m’explique : la coalition ne propose que des vœux pieux, des éoliennes et de la géothermie pour remplacer l’immense consommation de mazout des Québécois. Irréaliste à court terme comme solutions.
Greenpeace et Équiterre optent visiblement pour la solution gaz naturel pour remplacer à court terme le mazout. C’est un combustible fossile, certes, mais moins polluant. Une lettre signée par Steven Guilbeault, porte-parole d’Équiterre, et Henri Massé, président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) abonde dans ce sens. C’est justement cette lettre que dénonce André Belisle : « Le virage vers le gaz, au mieux, ce que ça pourrait faire c'est ralentir la cadence d'augmentation des émissions, mais certainement pas les réduire ». Qu’est-ce qu’il en sait? Monsieur Belisle est devenu devin. Une chose est certaine, si on ne fait rien, on reste au mazout. Les Québécois optent pour la facilité. Bien sûr ils sont tous pour l’environnement, mais lorsque vient le temps d’agir, ils ne sont pas là. Il faut donc agir pour eux. Passage forcé au gaz naturel en remplacement du pétrole.
De plus, Équiterre est contre Rabaska. Mais, l’organisme reconnaît que le gaz naturel est un meilleur choix que le mazout. Pas de quoi fouetter un chat. « Ce texte ne disait pas qu'Équiterre était pour les ports méthaniers. On disait que nous étions pour une politique de réduction de l'utilisation du mazout au Québec », affirme Sidney Ribaux, coordonnateur chez Équiterre. « Si on n'est pas là pour prendre position contre, c'est qu'on est un peu pour probablement. » réplique André Belsile reprenant le célèbre discours de Georges W. Bush à propos de sa guerre contre le terrorisme. Vous êtes avec nous ou contre nous. Belle mentalité.
Greenpeace est membre de la coalition Québeckyoto et dénoncé par cette dernière.
On dirait que si tu n’es pas assez radical et entier dans ta manière de défendre la cause t’es pas dans la gang. À la place de Greenpeace et d’Équiterre, je prendrais mes distances de Québeckyoto qui semble perdre le sens de la mesure et se met, potentiellement, à dos d’ardents opposants de Rabaska.
Se peut-il tout simplement que certains groupes environnementaux se rendent compte que le choix du gaz naturel a peut-être du bon pour atteindre les cibles de Kyoto? Ça se peut très bien.
Moi, ce n’est pas de Greenpeace et d’Équiterre que je suis déçu, c’est de la coalition Québeckyoto qui se limite à de l’opposition primaire et bête pour défendre sa cause. Il me semble qu’il y a là de la petite politique et un manque de vision. Pour moi, Québeckyoto se couvre de ridicule et n’aide en rien les opposants à Rabaska. Remarquez, étant pour ce projet, je n’irai pas m’en plaindre. Mais, jusqu’à présent j’avais beaucoup de respect pour la coalition Québeckyoto en tant qu’opposant qui apportait des idées et brassait la cage de manière constructive. Cette fois, je trouve que c’est assez pitoyable.
Qui est André Belsile? C’est non seulement le porte-parole de la Coalition Québeckyoto, c’est aussi le président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (l’AQLPA). Il s’agit d’un des premiers groupes écologistes Québécois et il existe depuis 25 ans. Ce groupe est poursuivi par l’entreprise AIM (American Iron and Metal) dans ce qu’on peut qualifier de SLAPP (Strategic Lawsuit Against Public Participation). Le groupe, appuyé par Québec Solidaire aimerait que Québec se dote d'une loi anti-SLAPP ( lire http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/8484 ). Ce serait passer d’une dictature à une autre : passer de la dictature capitaliste à une dictature socialiste. Toute solution raisonnable passe ailleurs que dans une loi qui n’est pas applicable de toute façon. Il est toujours souhaitable d’éviter de s’embourber dans le judiciaire. André Belsile est, à tort ou à raison, déjà pas mal embourbé dans ce genre de procédure. Il se peut que cela ait déteint sur lui. La confrontation serait-elle devenue une seconde nature?
Tout est image aujourd’hui. Et bien l’image de Québeckyoto n’est pas très reluisante.