Conflit de travail chez Max Meilleur et fils ltée - Le préfet de la MRC d'Antoine-Labelle fait appel à la conscience sociale de la FTQ
Laurentides
Face à l'impasse dans les négociations entre le syndicat et la direction de l'entreprise de sciage de résineux, Max Meilleur et fils ltée, le maire de Mont-Saint-Michel et préfet de la MRC d'Antoine-Labelle, Roger Lapointe, demande à la FTQ de faire preuve de solidarité envers l'ensemble des travailleurs de la région ainsi qu'envers la collectivité.
"La structure économique de l'industrie forestière des Hautes-Laurentides est bien différente de celle des autres régions du Québec. Elle repose essentiellement sur des entreprises locales, non intégrées aux papetières, dont les activités sont interreliées; le jeu de domino est déjà commencé", a fait valoir le préfet de la MRC."
La FTQ a choisi le mauvais moment pour établir son "pattern" de négociation, compte tenu de la crise qui frappe actuellement le secteur forestier, et ce, à la grandeur du Québec. Ce conflit a déjà des répercussions directes et indirectes sur l'ensemble des activités économiques de notre MRC qui dépendent à 80% de l'industrie forestière. Il menace gravement le climat social chez nous. Le fait qu'il perdure met dorénavant en péril plusieurs centaines d'emplois" a ajouté M. Lapointe.
Lors du congrès de la Fédération québécoise des municipalités qui se déroulait la semaine dernière, M. Lapointe est intervenu devant les 1 800 congressistes. En sa qualité de préfet de la MRC, M. Lapointe a interpellé publiquement le secrétaire général de la FTQ, René Roy, conférencier invité, pour lui demander de porter le message auprès des hautes instances de la centrale syndicale. "La poursuite de la stratégie d'affrontement mise de l'avant par la FTQ a des conséquences que seule la centrale syndicale persiste à ne pas reconnaître" a déclaré le préfet de la MRC. "Nous sommes pris en otage" a-t-il ajouté.
"Malgré toutes les tentatives de rapprochement proposées par le CLD d'Antoine-Labelle et malgré nos interventions répétées auprès des instances de la FTQ, notre message ne semble toujours pas être passé", a déploré Michel Adrien, maire de Mont-Laurier et président du CLD.
M. Lapointe et M. Adrien ont tenu à rappeler que les élus de la MRC respectent le droit des travailleurs à exercer des moyens de pressions, mais qu'ils s'attendent à plus de responsabilité sociale de la part de la centrale syndicale. Selon eux, il est du devoir d'une centrale syndicale de viser à maintenir un équilibre entre les intérêts collectifs et les intérêts individuels.
"Je demande à la FTQ de faire preuve de solidarité envers la population de notre région qui est prise en otage en ce moment dans ce conflit. La FTQ doit faire preuve de souplesse et de sensibilité face à cette situation exceptionnelle et accepter d'examiner des pistes de solution, non conventionnelles, pour sortir du cul-de-sac", a déclaré le préfet.
Le secteur forestier traverse une crise d'une ampleur sans précédent. Tous les intervenants politiques et économiques, incluant la FTQ, le reconnaissent. La grève en cours a des impacts sur l'ensemble de l'économie et du secteur forestier de la MRC d'Antoine-Labelle compte tenu du caractère mixte des forêts du territoire public. Déjà, elle est en grande partie à l'origine de la fermeture des activités de la Coopérative forestière des Hautes-Laurentides. Si rien n'est fait, la population assistera impuissante à la fermeture des usines encore en opération faute d'approvisionnement et les conséquences sur l'ensemble des travailleurs et des entreprises de services seront catastrophiques. Il faut réagir selon la MRC.
Vente des bois en inventaire et désistement du volume de résineux inscrit au CAAF
Suite aux représentations de la MRC, la partie patronale a accepté jusqu'ici de retarder la vente des bois ronds en inventaire et de procéder à un désistement par tranche du volume inscrit à son CAAF plutôt qu'à un désistement total. L'objectif était de garder ouverte la possibilité que l'usine redémarre ses opérations si les parties en venaient à un règlement. À la fin d'octobre, cette opportunité disparaîtra puisqu'il ne sera plus possible de récolter les bois nécessaires à l'approvisionnement de l'usine ce qui signifie que ses opérations ne pourront reprendre avant l'automne 2007. De plus, une partie des bois devra être vendue sans tarder pour éviter qu'ils ne se perdent.
Les demandes de la MRC
À la partie patronale: de maintenir son offre finale au lieu de la retirer compte tenu de la conjoncture qui s'est aggravée dû au ralentissement soudain du marché immobilier aux Etats-Unis et de la chute des prix du bois d'oeuvre qu'il a entraînée. En maintenant son offre, l'entreprise fera la démonstration probante de sa confiance dans la capacité de la région de faire face à la crise et de celle de son entreprise de passer au travers;
Aux travailleurs: de retourner au travail et aux deux parties d'accepter la formation d'un comité paritaire accompagné d'une personne neutre agréée par les deux parties pour regarder les accommodements au niveau de l'ensemble de la convention collective signée en fonction de l'offre finale;
Au gouvernement du Québec: d'annoncer, dans les plus brefs délais, les mesures d'aide qu'il veut mettre de l'avant pour soutenir le secteur forestier.
"Le temps presse. À moins d'un règlement, à court terme, nous envisageons de mobiliser la population régionale dans ce dossier pour que cesse la prise d'otage dont nous sommes tous victimes.", ont conclu M. Lapointe et M. Adrien.