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La loi sur les heures d'ouverture des épiceries est une aberration qui doit être changée.

Alimentation

Le gouvernement du Québec aime bien légiférer dans des domaines qui ne le regardent pas, comme les heures d'ouverture des épiceries. Peut-être qu'à l'époque où la loi est entrée en vigueur cela ne causait aucun problème, mais aujourd'hui, cette loi oblige les épiciers à réduire le nombre d'employés à quatre après 17 heures la fin de semaine. Pour une raison que nous n'avons pas l'intention d'analyser ici, il se trouve que le samedi et le dimanche après 17 heures beaucoup de gens veulent faire leur épicerie. C'est à ce moment là que les caissiers et le personnel de l'épicerie partent. Ceux qui restent subissent la rage des clients mécontents. Ça vous dit quelque chose n'est-ce pas ? C'est la preuve que cette loi n'est pas adaptée aux besoins des consommateurs.

La loi va même à l'encontre de leurs besoins. C'est la raison pour laquelle les épiciers décident de prendre les devants et de demander au gouvernement une modification à la loi qui leur permettrait d'avoir suffisamment de personnel pour répondre à la demande les soirs de fin de semaine. Pétition à l'appui. Québec jusqu'à présent refuse de répondre à cette requête, craignant la controverse. Je crois plutôt qu'il risque d'y avoir controverse si rien n'est fait.

Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, affirmait à Radio-Canada jeudi le 21 septembre 2006, qu'il craint un débat houleux si cette loi est réévaluée. De trop nombreux acteurs sont concernés. Pourtant la demande est simple, les politiciens sont là pour répondre aux besoins de leurs électeurs et concitoyens et ceux-ci demandent à ce que les épiciers puissent engager des effectifs suffisant en soirée la fin de semaine pour être servis convenablement. Faire son épicerie avec des étals vides, des paniers qui traînent partout et attendre une heure aux caisses pendant que les bactéries se développent sur le poulet que vous venez d'acheter, ce n'est pas une situation souhaitable. Pourtant, la loi l'impose allant ainsi à l'encontre de toutes notions élémentaires de salubrité. Est-ce que le moindre politicien est allé faire son épicerie un dimanche soir à 19 heures ? C'est un enfer, un enfer créé par une loi obsolète, anachronique.

Petit retour en arrière : la loi sur les heures d'ouverture des épiceries limite les effectifs à quatre employés par marché d'alimentation après 21 heures la semaine et après 17 heures la fin de semaine. Peu importe la taille de l'épicerie. Cette loi entrée en vigueur en 1992 provoque ces longues files d'attentes aux caisses, surtout la fin de semaine. Il suffirait de permettre aux épiceries d'engager le nombre requis d'employés selon le besoin de la clientèle pour régler le problème.

Le ministre Bachand voit les choses autrement que ses électeurs à qui il doit son poste et son salaire, car il affirmait à Radio-Canada : «C'est plus compliqué que ça apparaît, parce que dès qu'on ouvre cette loi, les consensus apparent deviennent des chicanes profondes». Donc, cela veut dire, en gros, qu'il estime qu'une modification va entraîner des conflits entre les épiciers, les syndicats, les dépanneurs et les consommateurs. Le consommateur veut être servi de façon humaine, un point c'est tout. S'il entend geindre les propriétaires de dépanneurs et les syndicats à la télé au bulletin de nouvelles, c'est moins pénible que de perdre une heure à l'épicerie un dimanche soir. Et qu'on ne vienne pas nous dire qu'on peut faire notre épicerie à un autre moment dans la semaine. Je n'ai pas le temps d'aller faire mon épicerie entre 9 heures et 17 heures un jour de semaine, je travaille.

Les marchands dépanneurs, ne voulant pas passer pour les méchants dans cette histoire, ont déjà proposé un troc : si le gouvernement accepte les demandes des épiciers, qu'il les force à fermer à 21 heures pour leur permettre de récupérer une certaine clientèle. Qu'est-ce que c'est que ce chantage ? Qui mène la province, les citoyens et le gouvernement ou les dépanneurs et les syndicats? Si les dépanneurs perdent une part de clientèle par rapport aux épiceries, ce n'est pas mon problème, c'est peut-être que les consommateurs préfèrent voir leur épiceries ouvertes 24h sur 24h, plutôt que de voir des dépanneurs ouverts 24h sur 24h qui leur vendent tout à plus cher. Personnellement, ce n'est pas moi qui vais pleurer si cela devait arriver.

Pour le ministre Bachand, l'équilibre dans ce dossier va être très difficile à établir. Voici encore ce qu'il disait à Radio-Canada à ce sujet : «Ce dossier est particulièrement complexe. J'en ai parlé avec mon ami Gérald Tremblay qui avait vécu 240 heures de commission parlementaire alors qu'il était ministre libéral de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, ce qu'on ne fera pas.»

Tout à fait d'accord avec le Ministre Bachand, ne faites pas cette commission à nouveau, mais adaptez la loi telle que demandée par vos électeurs. Tant pis pour les revendications des dépanneurs, ce n'est pas la population qui va descendre dans la rue pour la survie d'un pourcentage de ces petits commerces qui vendent tout à prix plus élevés.

Les trois grands de l'alimentation, Métro, Loblaw-Provigo et IGA-Sobeys, orchestrent une campagne de contestation. Si vous avez reçu une petite carte postale thématique préaffranchie vous devez l'envoyer à votre député à moins d'aimer faire la file. Si vous ne le faite pas, lorsque vous attendrez une heure avant de passer à la caisse de votre épicerie favorite un samedi ou un dimanche après 17h, de grâce, ne passez pas votre hargne sur la pauvre personne à la caisse qui, elle, n'y est vraiment pour rien. Vous, vous aurez manqué une belle occasion de faire entendre votre voie dans ce qu'on appelle toujours une démocratie.

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