Alerte au smog, parce qu’il n’y a pas que les agriculteurs qui endommagent l’environnement
Les écologistes du plateau Mont-Royal et du quartier Montcalm à Québec estiment souvent que la pire pollution est la pollution agricole. Ces méchants agriculteurs qui déversent dans les beaux cours d’eau du Québec les engrais, l’irrigation des champs et même du purin ne permettent pas aux citadins de jouir de ces rivières. Fini la baignade et les promenades en canot. La rivière pue! À mon avis, c’est trop facile de jeter la faute sur l’autre.
Depuis une semaine, d’Ottawa à Québec, nous vivons dans un smog sans précédent. Cette fois, ce sera dur de jeter la responsabilité sur les cultivateurs. Ce smog est causé par les citadins avec leurs automobiles et la combustion du bois dans les foyers. Hey! Ce n'est pas une vague de froid! On peut relâcher un peu sur la boucane! Cet après-midi, 7 février 2005, on atteint un indice de la qualité de l’air de 75 ppm dans la Mauricie et Lanaudière. La cote de dangerosité est à 50. Depuis une semaine, à certains moments, le long de la vallée du St-Laurent, la cote dépassait les 100 ppm. C’est assez grave pour émettre des alertes au smog. Autrement dit, diminuez au maximum vos activités extérieures. Les cardiaques et malades respiratoires sont priés de rester à l’intérieur. Non content de polluer la ville, ces nuages de smog s’étendent au-dessus des territoires environnant, donc dans les campagnes Alors, qui pollue qui?
On est loin du protocole de Kyoto. Certes depuis l’abandon de l’essence au plomb en 1990 au Canada et l’amélioration des systèmes d’échappement des automobiles qui s’en est suivi, la pollution par véhicule est moindre. Mais il y a tellement plus de véhicules «per capita» que la pollution augmente sans cesse. Le nombre de foyer dans les maisons de citadins a également augmenté considérablement. L’augmentation du transport routier au détriment du train et du bateau pour le transport des marchandises y est également pour beaucoup. Ces sources de pollution suivent une courbe exponentielle. Nous allons vivre de plus en plus d’épisodes de smog et ce en tout temps de l’année. Le transport en commun, de moins en moins fiable avec ses grèves presque annuelles, a fait déserter la clientèle. Dès qu’on a le budget pour s’acheter un véhicule, au diable le transport en commun inefficace qui prend la population en otage à tout bout de champs. Les chauffeurs payés en moyenne 50 000$ par année pour du 35 heures semaines sont bien à plaindre. J’ai acheté moi-même mon premier véhicule à l’âge de 25 ans lors d’une grève du RTC. En 2004, lors de la grève du RTC, beaucoup de gens ont acheté des véhicules pour pallier les manques du transport en commun. Ce n'est pas drôle de faire du vélo sous la pluie verglaçante de novembre pour aller et revenir du boulot. .
Amis citadins, la prochaine fois que vous jetterez une pierre sur les producteurs forestiers, les propriétaires de porcherie et propriétaires terriens, voir le monde agricole en général, comme source de tous les maux environnementaux, regardez sur votre propre terrain. Non seulement nous encourageons toute forme d’exploitation abusive pour payer le moins cher possible nos aliments et nos biens, mais nous devons par la suite bien consommer tout ça en polluant un maximum. Au lieu d’acheter bio, les Québécois achètent le moins cher. Peut-être veut-on toujours payer moins cher parce que nous sommes les plus imposés d’Amérique pour les impôts? La question se pose, mais le résultat est là : l’air est irrespirable. Souvent lors d’épisode de smog les québécois accusent les émanations de nos voisins, mais cet hiver, nous sommes responsables à 100% du nuage de particules toxiques qui nous étouffe. Avant d’accuser autrui, que ce soit le monde rural ou le pays voisin, commençons par changer notre comportement ici.
92% des québécois désirent que le gouvernement fédéral soit plus sévère en terme de qualité de l’air selon un sondage Léger Marketing paru aujourd’hui alors que 100% des québécois polluent davantage année après année. Si chaque citoyen ne contribue pas à améliorer la situation, le gouvernement ne prendra pas les devants, que ce soit au fédéral qu’au provincial.
Les agriculteurs et gens des milieux ruraux ont commencé le grand ménage des campagnes surtout avec le réaménagement des cours d’eau et l’irrigation, c’est au tour des villes désormais à faire un minimum d’efforts. Surtout que ces sacrifices (transport en commun, cesser le chauffage au bois) sont moins handicapants en ville qu’en région.
Liens intéressants :
http://radio-canada.ca/regions/mauricie/nouvelles/200502/02/006-smog.shtml
Dossier smog du Devoir, très complet et intéressant
Les canadiens veulent que le gouvernement soit plus exigeant pour la qualité de l'air