La Financière agricole fait faux bond à une commission parlementaire
Agriculture
Alors que le secteur agricole subit une grave crise, que de nombreux entrepreneurs agricoles font faillite, que l’Union des producteurs agricoles (UPA) demande des comptes, il était tout à fait normal d’inviter la Financière agricole à venir s’expliquer en commission parlementaire, histoire d’avoir sa version des faits. Or, les administrateurs ne se sont pas présentés. Pourtant, la convocation avait été envoyée il y a longtemps.
Le président de la commission de l’agriculture, Pierre Paradis, a fait adopter une sommation à comparaître et à transmettre aux membres de la Financière agricole. C’est tout de même l’organisme paragouvernemental qui assure les producteurs agricoles lorsqu’il y a des pertes imprévues.
C’est vraiment dommage d’en arriver là, mais il faut que les élus, les députés, puissent savoir de quelle manière la Financière a resserré ses conditions d’indemnisation, tout en augmentant les primes afin de s’autofinancer comme le demandait le gouvernement. La façon d’atteindre l’objectif est-elle adéquate? Est-ce réaliste? Quelles sont les résultats concrets de ces mesures? L’UPA exagère-t-elle ou pas? L’absence des dirigeants de la Financière semble donner raison à Christian Lacasse, président de l’UPA, qui lui s’est présenté à la commission.
Christian Lacasse ne s’est pas gêné pour déclarer que le gouvernement manque de vision avec son Livre vert sur l’avenir de l’agriculture. L’avenir de l’agriculture? C’est près du tiers des fermes qui sont en train de disparaître, pour le président de l’UPA. Pendant ce temps, la Financière étrangle le milieu agricole de manière hypocrite et avec vigueur. L’objectif de Monsieur Lacasse avec ce discours : faire en sorte que le gouvernement du Québec ordonne à la Financière de lâcher du lousse et permettre aux fermes en difficulté de se reprendre. On ne réforme pas l’agriculture par des fermetures massive, affirme le président de l’UPA. Le Livre vert ne sert à rien dans un tel cas de figure. "Il y a manque de vision flagrant", a déclaré Christian Lacasse.
Quant à la Financière, monsieur Lacasse estime qu’elle ne reconnaît même pas les crises qu’il y a, tout particulièrement dans le porc, le boeuf, l’agneau et les petites céréales, à cause de prix très bas. Cela fait en sorte qu’un grand nombre de producteurs ne peuvent plus payer leurs obligations et sont en défaut de paiement. En commission parlementaire au mois de juin, les administrateurs de la financière ont répété qu’il n’y a pas de crise. Christian Lacasse est en désaccord complet avec cette affirmation. Depuis janvier 2011, il y a une dégradation sérieuse des conditions économiques des agriculteurs. Et l’année n’est pas finie… "En 2011, ça bascule! Les producteurs abandonnent ou font faillite" lance Christian Lacasse comme cri d’alarme dans des propos rapportés par Les Affaires.
Autre point de discorde, en tant qu’administrateur lui-même de la Financière, il n’a pas accès à l’information et estime que la Financière ne transmet pas la bonne information au ministre de l’Agriculture par rapport à l’impact négatif des mesures de resserrement.
Le milieu agricole est en plein émoi. Si on se fie au président de l’UPA ça va très mal et la situation est désespérée. Il aurait été intéressant d’avoir l’avis de la Financière concernant ces attaques. Les administrateurs étaient attendus en après-midi mais ils n’étaient pas là.
Ceci étant dit, la Financière a publié ce communiqué aujourd’hui à 12h26 :
La Financière agricole du Québec entend continuer à contribuer aux travaux de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
LÉVIS, QC, le 23 août 2011 /CNW Telbec/ - La Financière agricole du Québec tient à réitérer son soutien aux travaux de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles. En effet, tout au long de la période estivale, La Financière agricole a donné suite avec diligence aux différentes demandes de documents et d'information formulées par la Commission, et ce, dans le but d'apporter un meilleur éclairage aux travaux en cours.
À cet égard, La Financière agricole a notamment transmis à la Commission, les 7, 8 et 26 juillet, des documents portant sur la situation qui prévaut dans la production porcine, les plus récentes actions mises de l'avant pour soutenir les entreprises du secteur, un rapport sur l'impact financier des mesures mises de l'avant en ASRA et des précisions au sujet de l'amortissement sur 15 ans du déficit cumulé du Fonds ASRA.
Relativement à l'invitation de la Commission faite aux administrateurs du conseil d'administration de La Financière agricole en vue de ses travaux du 22 août dernier, il importe de souligner que lors de sa séance du 17 août, le conseil d'administration de La Financière agricole avait convenu qu'à titre de président et en sa qualité de porte-parole du conseil, M. André Forcier les représenterait. Le jour même, M. Forcier en a informé par écrit la Commission et, par la même occasion, confirmait sa disponibilité pour répondre aux questions des membres de la Commission, et ce, en présence du président-directeur général de La Financière agricole. À cet égard, les dispositions de la Loi sur l'administration publique stipule que la responsabilité portant sur la reddition de comptes des activités, des orientations et de la gestion administrative d'une société d'État relève du président-directeur général.
En aucun temps, les administrateurs invités n'ont cherché à se soustraire à leur responsabilité. Ceux-ci, de même que la direction de La Financière agricole, entendent continuer à contribuer à la réalisation des travaux de la Commission.
Source : La Financière agricole du Québec |
Commission parlementaire / Absence de la Financière
ghislaine fortin
Jeudi 25 Août 2011 12:14:13