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Des péages pour financer la collusion

Opinion

Suite à l’effondrement d’une structure de béton de 25 tonnes sur l’autoroute Ville-Marie, à Montréal, dimanche dernier, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a convoqué une conférence de presse. Il voulait montrer par là qu’il peut faire preuve de leadership dans le dossier en exigeant de Québec l’utilisation de péage à la grandeur du Québec et une hausse de la taxe d’accise sur l’essence. Il estime à 15 milliard de dollars par année l’investissement qui serait nécessaire au Québec pour remettre notre réseau en état contre les 4 milliards annuellement dépensés actuellement. «Ayons le courage de prendre une décision sur une taxe d'accise additionnelle ou encore un péage provincial et consacrons cet argent au transport en commun et aux infrastructures. Je suis convaincu que les citoyens vont applaudir.» a déclaré le maire dans des propos rapportés par La Presse.

Ce serait une solution mais je n’applaudirais certainement pas. Notre argent est mal géré, mal utilisé et gaspillé. Aucune commission d’enquête sur la construction et la collusion dans ce milieu. Sur le 15 milliards proposé, j’aurais l’impression que seul un 4 milliards serait utilisé à bon escient et le reste irait dans les poches d’entrepreneurs peu scrupuleux, de politiciens véreux tout en faisant fonctionner une bureaucratie trop lourde. J’ai sans doute tout faux, mais c’est l’impression que j’aurais. Les péages et l’augmentation de la taxe d’accise ne serviraient strictement à rien, selon moi, pour améliorer les choses.

 

Le maire en appelle à notre courage à propos de notre réseau routier? Voici quelques exemples de courage :

 

- Plutôt que de tout refaire comme c’était, pourquoi ne pas désengorger Montréal comme l’a fait Boston avec son projet d’autoroute souterraine? Nous avons déjà des options de contournement de l’île pour le trafic lourd par le nord et le sud. En détournant un flot important de circulation on peut se permettre de déconstruire et de faire disparaître certaines structures désuètes. Mais voilà, il n’y a aucun plan de développement du transport à Montréal, on refait donc à neuf toutes ces cochonneries autoroutières à étages faute de vision. Et un autre Pont Champlain à l’endroit le plus large du fleuve SVP!

 

- Il faut une commission d’enquête sur la collusion dans le monde de la construction et les liens douteux entretenus avec certaines municipalités, dont Montréal, afin de s’assurer que les Québécois paient le juste prix pour leurs infrastructures. Pour s’assurer, surtout, que les Montréalais paient le juste prix pour les infrastructures qui traversent l’île et qui, aujourd’hui, atteignent étrangement leur fin de vie toutes en même temps.

 

- Construire un TGV et améliorer les transports en communs avec les péages proposés par le maire Tremblay, ça c’est intéressant.

 

- Se doter d’un réseau routier à la hauteur de notre capacité de payer. Si on n’a pas pu se payer l’entretien de notre réseau actuel, comment pourrait-on se payer se le payer à l’avenir après sa rénovation? Les péages ne paieront pas l’entretien de tout ça, mais la dépense initiale et le paiement des intérêts de la dette.

 

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et Sam Hamad, le ministre des transports du Québec auront beau dire, auront beau faire, nous n’avons pas les moyens de nos ambitions avec notre réseau routier actuel. Au final, ce sont les Québécois qui vont payer et vivre au-dessus de leurs moyens. Le problème, c’est que ça fait très longtemps qu’on fait ça et notre marge de crédit n’est pas illimitée.

 

Pendant ce temps, Jean Charest pense au Plan Nord et à développer une route qui va très loin dans le nord. C’est en fait la route 167 qui sera prolongée de lac Albanel, près de Chibougamau, aux monts Otish où se trouvera une mine de diamants exploitée par Stornoway. C’est un tronçon de 268 km. Québec paiera 331 millions de dollars sur cinq ans et Stornoway paiera 44 millions plus 1,2 million par année pour son entretien. On parle sans doute ici du déneigement… Ça ressemble à une nationalisation des dépenses pour une privatisation des revenus. On paie collectivement 87% de la facture pour cette route et la minière paie 13%. Si c’est ça le plan Nord, je n’ai pas l’impression qu’on va faire fortune, collectivement, avec ça. Au moins, la mine s’attend à faire travailler 300 personnes durant 25 ans et le chantier de cette route pourrait faire travailler 2400 personnes. On compterait donc 2700 emplois créés. Si on ne fait que compter la part du gouvernement du Québec, cela va coûter 122 592$ par emploi créé. Si on ne compte que les 300 emplois de la mine, car tout ça est fait pour ça et le transport du minerai. Cela revient à 1 103 333,33$ par emploi. Plus d’un million de dollars dépensé par emploi créé. On ne compte toujours pas le 13% dépensé par la minière.

 

Je me demande si les péages du maire de Montréal vont servir à payer ça?

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