Il faut dire que l’article en question est assez troublant. Oui, on parle des effets d’une commotion cérébrale, mais se pourrait-il que ce problème physique soit le déclencheur d’un malaise plus grand, d’une dépression ou de problèmes anxieux?

Lorsque quelqu’un dit à une journaliste qu’il est mal dans sa peau, c’est un peu comme un appel à l’aide. Il faudrait que la gérance du chanteur soit à l’écoute du message car l’histoire de la musique est remplie de destins qui finissent mal. Soins et thérapie sont peut-être ce dont a besoin de chanteur plutôt que de faire de la scène à ce moment-ci.

Le chanteur est sans doute surmené et fragilisé. La tempête médiatique des dernières semaines sur une altercation dont il a été victime à Québec ne l’a certainement pas aidé à bien dormir la nuit et à se reposer. Le gars est un artiste, donc peut-être plus sensible que la moyenne des gens. À un moment donné, il faut savoir comprendre le message lancé par quelqu’un et là, il me semble qu’il y en a un.

Jocelyn Lemoine, directeur général du Palace de Granby où devait se produire Parent, a en tout cas été assez troublé par l’article de La Tribune et des propos du chanteur qu’il a décidé d’y réagir. Les termes «blessé en dedans», «craintif», «mal dans (sa) peau». «Je n'ai aucune idée de ce à quoi ça va ressembler. Je suis juste pas là.» Voilà pourquoi Monsieur Lemoine a demandé au producteur de Kevin Parent de reporter le show du 5 mars au 18 juin prochain. Préférer reporter un show pour être certain que l’artiste soit en pleine possession de ses moyens et heureux d’être sur scène, c’est ce qui a guidé le directeur général de la salle le Palace. Le directeur de promotion de la maison de disque de Kevin, Tandem.mu, Parent est surpris. Il a précisé aux médias que la maison de disque n’a rien à voir avec l’annulation du show de ce soir. Pour lui, si Kevin a été capable de donner un show au Club Soda hier, il aurait été capable d’en donner un à Granby ce soir. Il n’a pas tort, mais ceci dit, est-ce souhaitable? Difficile de répondre. Oui la maison de disque pense affaires, mais elle pense aussi au public. Qu’est-ce que les fans de Granby en pensent?

Il y a ici deux façons de voir le showbizz.

- Placer l’artiste au-delà de toute considération, quitte à laisser passer un caprice aux dépends du public;

- Placer l’entreprise et le public au-delà de toute considération, quitte à pousser le bouchon un peu trop loin;

Pas facile de trancher. Je ne crois pas qu’une méthode soit meilleure que l’autre, c’est du cas pas cas, mais, en tant que lecteur de l’article de La Tribune, je suis resté sur l’impression qu’il y a là un appel à l’aide. Peut-être suis-je dans le champ avec cette impression.

On ne peut en tout cas pas nier que l’article de La Tribune d’hier était troublant. Il me semblait que c’était une main tendue afin de recevoir de l’aide. Pas juste une demande de repos, mais une demande d’aide physique et psychologique. Il n’y a aucune honte à ça, peu importe notre statut dans la société. Qui, à un ou plusieurs moments donnés de sa vie, n’a pas eu besoin d’aide?