Nos élus aux jeux olympiques
L'opinion du citadin
Avez-vous vu le nombre de communiqués de presse annonçant le voyage d’un politicien aux Jeux Olympiques de Vancouver? Que ce soit sur la scène fédérale, provinciale ou municipale, je doute bien que ces voyages se fassent à leurs frais. Donc, il y a de fortes chances que ce soit à nos frais que tout ce beau monde va se faire voir à Vancouver. Ça ne vous choque pas? Moi, en tout cas, ça commence à me déranger.
Quelques exemples :
- Nicolel Ménard, ministre du tourisme, se rend à Vancouver du 18 au 23 février. C’est une mission officielle! Mme Ménard va tenir à la Maison du Québec, car nous avons une maison sur le site, à nos frais, une importante réception, à nos frais, pour les grossistes et les médias spécialisés en voyages. «Les Jeux olympiques constituent un lieu privilégié de rencontres, d'échanges et d'établissement de liens d'affaires pour notre industrie touristique. Je souhaite faire découvrir le Québec à ces agents multiplicateurs de l'information. Il s'agit d'une occasion exceptionnelle de présenter au monde entier notre offre touristique de qualité, authentique et séduisante», a déclaré la ministre Ménard. Bien sûr, l’investissement risque de ne pas être facilement mesurable au niveau des retombées.
- Stephen Harper et Jean Charest sont allés aussi se faire voir, c’était presque un passage obligé direz-vous? Pour le premier ministre du Canada peut-être, mais pour le Québec, passons. Bon, bon, c’était très important. N’oublions pas que nous avons une maison du Québec là-bas, histoire de montrer que ces jeux olympiques sont… bilingues? Disons ça comme cela.
- Michael Ignatieff, chef de l’opposition à Ottawa est allé à Vancouver. C’est que, voyez-vous, c’est le chef de l’opposition. Y est-il allé à ses frais, aux frais du parti libéral du Canada ou à nos frais?
Inutile de faire une liste exhaustive de nos politiciens et hauts fonctionnaires à voyager aux Jeux Olympiques à nos frais. Regardez le bulletin de nouvelles chaque jour ou les compétitions et vous verrez que c’est un phénomène assez… répandu. C’est une question de visibilité. Une question d’être là où l’actualité se fait, et non pas où les besoins sont!
Le politicien moderne n’a pas le temps de se préoccuper des besoins de ses électeurs. Il n’a pas le temps d’aider ses électeurs à résoudre des problèmes ou alors si peu. Il est la plupart du temps hors de sa circonscription, à moins que celle-ci soit proche du parlement ou de l’Assemblée nationale, et est aussi très occupé à se faire voir là où l’actualité se fait. Ces jours-ci c’est Vancouver. Il y a un mois c’était Haïti. Demain ce sera où? Pourquoi courir ainsi après les caméras?
Parce que c’est ça le problème. Si les médias ne s’intéressaient pas aux Jeux Olympiques de Vancouver, pensez-vous qu’il y aurait autant de politiciens là-bas? Permettez-moi d’en douter. Je suis peut-être dans l’erreur la plus complète, mais ces jours-ci, j’ai vraiment l’impression que nos élus se paient du bon temps aux Olympiques, à nos frais à moins de preuve du contraire, et que pendant ce temps, les problèmes du pays ne se résolvent pas.
Même le maire de Québec, Régis Labeaume, est à Vancouver, mais lui, lui il y a une bonne raison car il se pourrait, je dis bien il se pourrait, que Québec soit dans la course pour gagner la chance d’organiser les Jeux de 2022. J’espère qu’on sait lire l’ironie de mon propos entre les lignes. En passant, nos taxes viennent de faire un méchant bon à Québec. C’est à cause de la valeur des maisons qui a augmenté. C’est ce qu’on dit.
Alors tant mieux si tout ce beau monde a bien du plaisir mais SVP, assumez un peu plus le fait que vous passiez du bon temps sur le dos des contribuables. Tous les communiqués tentant de justifier ces dépenses de voyages dans un souci de transparence me laisse pantois. C’est vraiment n’importe quoi. Celui sur la réception de la ministre Ménard à la Maison du Québec est assez fort dans le genre : regardez-moi, ce voyage, je vous le dis, va être très payant pour le Québec. C’est bizarre, mais ça sonne faux.
Si on était riche comme Crésus, que nous avions de l’argent en trop pour nos institutions scolaires, nos services de santé et nos routes, je ne dis pas. Si nous n’étions pas surendettés, je ne dis pas, on pourrait se dire : ok, faisons une maison du Québec et dépensons. Dans le contexte actuel, toutes ces dépenses, tant fédérales, provinciales que municipales, donc qui proviennent des trois paliers d’imposition, me mettent mal à l’aise.
Les jeux olympiques sont rendus une grosse boursoufflure qui fait l’éloge du gaspillage, des voyages en avion et, parfois, de la performance jusqu’au dopage. Bien sûr j’ai aimé voir le jeune Bilodeau gagner la première médaille d’or olympique en sol canadien par un Canadien, mais lorsque j’ai vu tous les politiciens dans les estrades, ce fut plus fort que moi, j’ai vu mes rapports d’impôt augmenter et notre déficit se creuser. Mon fun venait de s’estomper.
En plus, quelqu’un a-t-il vu l’hiver à Vancouver? Pas moi en tout cas. Heureux d’un printemps…