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Une énergie qui a le vent dans les voiles

Résumé de lecture

L’éolien a le vent dans les voiles. Il s’agit d’une énergie propre qui peut fournir de l’électricité en ayant un minimum d’impact sur l’environnement. Qu’en est-il de la faisabilité à grande échelle? On sait comment le syndrome Pas dans ma cour est fort au Québec. Est-il réaliste de penser qu’on peut installer de vastes champs d’éoliennes dans la belle province? Est-ce fiable. Quand il ne vente pas, que fait-on? On part la génératrice au mazout? C’est un peu à toutes ces questions que répondent les auteurs Bernard Saulnier et Réal Reid avec le livre L’éolien au cœur de l’incontournable révolution énergétique aux éditions MultiMonde.

Les deux auteurs sont bien placés pour aborder le sujet. Bernard Saulnier est ingénieur en génie physique et Réal Reid est ingénieur en génie mécanique. Tous deux estiment que le plus grand gisement énergétique du Québec c’est l’éolien. Première surprise donc, d’office on nous apprend dans ce livre, avec chiffres à l’appui, que l’éolien a un potentiel énergétique plus grand que l’hydraulique au Québec. La Vie rurale s’intéresse à la révolution éolienne depuis 2004, et c’est la première fois que nous tombons sur un livre aussi complet à propos de l’énergie éolienne.

L’historique de l’éolien, des nefs égyptiennes en 6000 avant Jésus Christ, jusqu’aux éoliennes de dernières générations installées offshore au larges des côtes dresse un portrait nécessaire à la compréhension de cette source d’énergie qui n’est pas nouvelle. Dans les faits, l’éolien est une source d’énergie beaucoup plus ancienne que le pétrole. On y démolit aussi le vieux mythe voulant que l’éolien ne soit pas une source énergétique fiable car tributaire du vent. Dans une contrée comme le Québec avec des centrales éoliennes éparpillées sur le territoire, ce serait une source d’énergie électrique aussi fiable que l’hydraulique et le thermique. Mieux encore, l’éolien pourrait à lui seul fournir tous nos besoin énergétique y compris des millions de véhicules électriques.

Et c’est là que le livre devient le plus intéressant en faisant la projection d’un avenir où l’éolien serait exploité à sa juste valeur au Québec. Les exemples du Danemark et de l’Espagne viennent confirmer la théorie des auteurs comme quoi l’énergie éolienne peut être fiable, ne pas dénaturer les paysages et fournir de l’énergie de masse à coût abordable.

Ceci étant dit, de nombreux chapitres vont perdre le profane qui n’a pas de formation en génie physique, mécanique ou électrique. La démonstration scientifique aurait, à mon sens, du être mieux vulgarisée. Même pour moi qui m’intéresse de près à ce domaine depuis longtemps et qui connais assez bien les termes techniques propre à la production d'énergie électrique à partir d'éoliennes, j’ai été un peu perdu dans la démonstration. Il faut dire que mon parcours académique est scientifique et littéraire, les sciences appliquées, je n'en ai pas vraiment fait.

La démonstration semble en tout cas convaincante pour qui aura la patience de passer au travers. Il ne faut surtout pas se laisser décourager par cet aspect de l’ouvrage. Plus des deux tiers de l’œuvre est accessible au grand public et permet de mieux connaître cette source d’énergie. Le lecteur termine sa lecture en étant convaincu que l’avenir énergétique du Québec passe par l’énergie éolienne. L’hydraulique fait partie de notre passé plus que de notre avenir. Quant au pétrole, le Québec peut s’en passer.

La preuve est faite, par ce livre, que, grâce à l’énergie éolienne exploitée à grande échelle, le Québec pourrait, dans un avenir pas si lointain, devenir, tout comme d’autres pays à travers le monde, une société apte à se passer du pétrole et du gaz. De plus, cette transition vers l’éolien pourrait être génératrice d’emplois en région.

Avec une telle démonstration, toutes les autres sources d’énergie électrique traditionnelles semblent désuètes.

L’éolien : Au cœur de l’incontournable révolution énergétique

Bernard Saulnier et Réal Reid

Éditions MultiMondes, 2009, 22X22 cm

432 pages en couleur reliure souple

ISBN 978-2-89544-145-8, 39,95$

Commentaires

L'énergie éolienne au Québec

Tout comme Mrs Reid et Saulnier je partage leur vision d'un Québec plus vert misant sur la filière éolienne. Par contre il est contre- productif, anti démocratique, anti social et mal avisé économiquement de tenter d'imposer l'implantation de centrales éoliennes industrielles en milieu habité. Oui à l'éolien mais pas à n'importe quel prix, n'importe comment et n'importe où. Les impacts sur la qualité de vie, sur la santé, sur l'environnement, sur la dévaluation marchande des résidences, sur l'occupation du territoire et sur la cohésion sociale contribuent à la non acceptabilité sociale de ces méga projets en milieu habité. Ce modèle n'a pas d'incidence profonde sur la revitalisation des territoires et n'exerce aucun réel effet de levier sur l'économie des régions ressources. En phase d'exploitation la création d'emplois est marginale et souvent dans des régions déjà en pénurie de main d'oeuvre. Ce que fait la CPTAQ en donnant l'aval à de tels projets équivaut à condamner à la stagnation et à la dévitalisation le monde rural en l'emprisonnant dans des zones industrielles inhospitalières à tout établissement de nouveaux résidents et au développement touristique, de villégiature, de la micro entreprise, etc. Pire encore, à faire fuir ceux qui occupent déjà ce territoire. Le monde rural est un écosystème fragile où les habitants ont établi un équilibre entre l'exploitation des ressources, le patrimoine bâti et paysager, et les diverses activités humaines. De tels projets de centrales éoliennes industrielles sont incompatibles avec le milieu retenu et mettent sérieusement en danger cet équilibre. Seuls les territoires non habités et non organisés du Québec (abritant d'ailleurs 85%-90% du potentiel éolien québécois) sont susceptibles d'accueillir de tels projets et ce, sur la base d'études beaucoup plus complètes quant aux éventuels impacts environnementaux. Il n'est pas surprenant de constater que les projets situés loin des résidents ne rencontrent aucune opposition tandis que ceux en milieu habité se heurtent à la volonté des citoyens voulant décider eux-mêmes du développement harmonieux de leur territoire en jetant les prémisses d'un véritable progrès durable en accord avec la Loi sur le développement durable adoptée en 2006 par le gouvernement du Québec. Développer l'énergie éolienne de manière non durable est un choix perdant à long terme. Vous, Monsieur, habiteriez-vous au milieu d'une centrale d'éoliennes industrielles? J'invite tous ceux qui s'intéressent à l'éolien industriel en milieu habité à consulter le site du BAPE et à lire les mémoires déposés par les citoyens concernant le projet du parc Des Moulins dans la MRC des Appalaches (99 mémoires) et le projet De L'Érable dans la MRC de L'Érable (248 mémoires, ce qui constitue un record absolu pour un projet éolien).