A(H1N1), le virus de la panique
Opinion du citadin
La deuxième vague arrive! Tenez-vous prêts! Nous allons tous mourir! C’est le retour de la grippe espagnole, que dis-je, de la peste bubonique! Avez-vous remarqué comme les médias, surtout les réseaux 24h comme LCN et RDI, se lancent dans la surenchère en matière de grippe A(H1N1). Jusqu’à 8 millions de Canadiens pourraient mourir cet hiver! Wow, on se calme… Cette affirmation aurait pu s’appliquer pour le SRAS, le virus du Nil Occidental, la grippe aviaire, la maladie de Lyme, l’ébola, le SIDA ou que sais-je encore… Loin de moi l’idée de vouloir minimiser la gravité et la dangerosité réelle du virus A(H1N1) anciennement appelée grippe porcine, mais là, à regarder la télé, on assiste à du grand gignol. Le résultat de ce spectacle de peur, c’est que les médias perdent tout sens de l’objectivité et se lancent dans la surenchère de nouvelles catastrophiques sans qu’il y ait de catastrophe juste pour attirer plus d’auditoire.
Nous sommes à l’ère de la peur d’avoir peur. Un phénomène créé et alimenté, consciemment ou non, pas les chaînes de nouvelles 24h. Le danger dans ça, c’est qu’à force de crier au loup, plus personne ne va croire ce qu’il entend à la télé. Personne ne saura faire la différence entre une vraie catastrophe et une catastrophe hypothétique puisque le traitement panique est le même. Et lorsque quelque chose de vraiment grave et dangereux se pointera à l’horizon, plus personne ne va le croire. Comment crier plus fort que d’habitude?
C’est commencé d’ailleurs ce phénomène de perte de crédibilité. De nombreuses personnes se méfient davantage du vaccin contre la A(H1N1) que du virus. N’est-ce pas symptomatique d’un problème de perception des médias, du virus de la panique que de la réception d’une information traitée adéquatement?
Le virus panique s’est donc propagé à l’ensemble de la société, des ministères, des institutions publiques et privées. Il est dommage de constater que le virus panique qui part des chaînes 24h se propage souvent à l’ensemble de la société. Sommes-nous menez pas ce nouveau pouvoir médiatique?
Si oui, posons-nous maintenant collectivement la question. Pourquoi paniquer? La deuxième vague du virus n’est pas là. Les vaccins sont prêts, la vaccination va se faire pour un nombre record de citoyens qui le désirent. Rien d’obligatoire si vous avez la phobie des aiguilles ou si vous voyez dans la vaccination un complot gouvernemental. Alors, où es le problème?
Les faits : la grippe saisonnière entraîne le décès de 2000 à 8000 Canadiens chaque année et, en date du 13 octobre 2009, la grippe A(H1N1) a provoqué la mort de 79 Canadiens.
Pourquoi ne panique-t-on pas à cause de la grippe saisonnière? Si on se fie aux probabilités, il devrait y avoir en 2009-2010 plus de décès attribuables à la grippe saisonnière qu’à la grippe A(H1N1). Surtout si nos dirigeants privilégient la vaccination du A(H1N1) plutôt que la vaccination contre la grippe saisonnière. Alors, pourquoi la panique?
Parce que le A(H1N1) sort du cadre du virus type de la grippe saisonnière. Il provient d’élevages de cochons où la salubrité était douteuse, il a un potentiel mutagène mais peut-être pas. Bref, on le connaît mal. Et c’est bien connu que l’inconnu est le terrain propice de toutes les peurs. Le vaccin, il est nouveau aussi, alors on le connaît moins. Normal. Alors on panique dessus aussi. Se pourrait-il que le vaccin contre le A(H1N1) provoque des effets secondaires importants, voire même la mort? Oui, c’est possible, comme tout vaccin contre la grippe saisonnière… comme tout vaccin en fait. Les autorités nous cachent des choses? J’espère bien. À voir comment on panique, comment les médias paniquent, avec la moindre incertitude, ne vous étonnez pas qu’on nous cache des choses après. Le choix de privilégier la vaccination contre le A(H1N1) plutôt que la grippe saisonnière est une décision politique pour enrayer le virus panique des médias. C’est n’est pas une décision logique. C’est une décision et nous vivrons collectivement avec ses bons et ses mauvais côtés. Si on ne veut pas chopper de virus, on a qu’à vivre sous une tente à oxygène à température contrôlée.
Il faut voir le A((H1N1) comme le virus panique de la saison. L’été prochain, s’il fait chaud, ce sera le retour du virus du NIL. Peut-être un cas ou deux d’Ébola plus au sud. En 2010-2011 ce sera un clône du SRAS quelque part ou la deuxième ou troisième vague du A(H1N1). En 2011-2012, ce sera le virus panique Maya. Leur calendrier s’arrête sur un alignement des planètes donc c’est certain que c’est la fin du monde comme en 1999 (voir Nostradamus). Lorsque nous aurons survécu à ça, le virus panique 2012-2013 sera sans doute le grand retour du changement climatique qu’on aura mis de côté et qu’une importante canicule nous aura ramené à l’ordre du jour médiatique etc. Bref, ça prend de la panique pour meubler les temps morts de l’actualité.
Ne pouvons-nous pas réfléchir à plus long terme et arrêter de peser sur le bouton panique? Peut-on analyser le plus objectivement possible l’actualité? Peut-on redonner ses lettres de noblesse à la profession journalistique plutôt que de transformer les journalistes en prophètes de malheur à temps plein?
Les médias traditionnels perdent du terrain et de la crédibilité au profit d’Internet. Je crois qu’on tient ici une partie du pourquoi. Le virus panique, ce sont les médias traditionnels qui l’ont attrapé et il se pourrait bien qu’ils tombent comme des mouches à cause de ça, à cause de sites comme La Vie rurale un virulent média alternatif…. Bouhouhou, avez-vous peurs?