Montréal contre régions, une rivalité stérile
Opinion
Ville de Montréal.
Photo: Photoxpress.com.
La chronique de Patrick Lagacé dans La Presse aujourd’hui est, selon moi, du très bon article d’opinion http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/patrick-lagace/200909/21/01-903790-hair-montreal.php . Patrick Lagacé est un journaliste montréalais qui a fait le tour du Québec cet été pour une série d’articles sur les régions. Très bonne série d’ailleurs. L’article intitulé Haïr Montréal illustre bien l’état d’esprit de bien des Montréalais qui se sentent jugés voire méprisés par certains politiciens et citoyens de l’extérieur de la métropole économique du Québec. Sam Hamad, dernièrement, a fait une remarque maladroite sur Montréal dans le dossier du TGV : « On va manger Montréal… » Le « On » c’est Québec car il est ministre responsable de la Capitale-Nationale. C’était une boutade mais elle a bouleversé le journaliste. Et je peux le comprendre.
Même si je vis à Québec depuis vingt ans, j’ai vécu à Montréal dans ma jeunesse, et j’y ai bien vécu. À l’époque, la situation était inversée. Montréal allait bien et Québec faisait figure de perdante suite à l’échec de Québec 84 et des Nordiques moribonds. Québec contre Montréal, maintenant Montréal contre régions. Ce sont des rivalités stériles et inutiles. Ne peut-on pas se serrer les coudes au Québec? On est déjà bien assez petit comme ça sans en plus se draper dans un chauvinisme régionaliste fermé.
Tout le monde est d’accord, Montréal ne va pas bien et Québec a le vent dans les voiles. Oui, pis après? Ne peut-on savourer le succès de Québec et travailler à améliorer la situation à Montréal? Il semble que non, il y a toujours une compétition entre Montréal et Québec, Montréal et les régions, à cause d’un sentiment d’infériorité que ressentent les régions et que Montréal a longtemps et maladroitement entretenu de manière condescendante via une élite culturelle et politique installée sur le Plateau Mont-Royal. C’est vrai… Mais pourquoi en faire tout un plat? Pourquoi élargir le fossé entre Montréal et le reste de la province? Les politiciens et médias devraient prôner le rapprochement plutôt que de creuser une tranchée et créer un malaise qui ne servira personne.
Si Montréal s’appauvrit, ça va nuire au reste du Québec. Si les régions se vident, ça va nuire à Montréal. Nous sommes tous interdépendants, nous devrions nous parler, nous aider et nous doter d’objectifs communs pour l’avenir. Au lieu de cela chacun tire la couverture de son bord en lançant des roches à l’autre. Si c’est ça le modèle québécois, je ne veux rien savoir. Montréal contre les régions, voilà une rivalité stérile qui pourrait bien faire chuter le Québec pour de bon vers un statut de province du tiers-monde.
J’exagère? À peine… Regardez bien ce qui s’en vient si rien n’est fait pour changer notre attitude de perdant : le gouvernement Charest bâillonne l’Assemblée Nationale pour changer la loi et lui permettre d’accumuler les déficits pour les prochaines années. Les Québécois ne créent plus assez de richesse pour assurer leur train de vie. Pendant ce temps-là, la Métropole implose, s’appauvrit et est en train de perdre son réseau de transport (routes, ponts, etc.) Plutôt que d’avoir une attitude positive et constructive pour aider, les régions, qui semblent avoir attendu longtemps ce moment, s’en donnent à cœur joie, sans trop de virulence car on ne frappe pas quelqu’un qui est couché par terre n’est-ce pas, pour descendre Montréal et se péter les bretelles.
Mais attention, les bretelles pourraient bien vous péter au visage. Si Montréal implose et s’appauvrit, vous venez de perdre la vache à lait du Québec sans qui bien des régions seraient déjà purement et simplement fermées. Avec des régions fermées, Montréal vient de perdre son indépendance alimentaire et culturelle, c’est la fin.
Les Québécois ne sont pas très bons en mathématique. Revenez en des remarques désobligeantes de quelques Montréalais via les médias à propos des régions, revenez en de la rivalité ville contre campagne, revenez en des sentiments de supériorités et d’infériorités et travaillons tous ensemble à construire le Québec de demain.
Travaillons tous ensemble à un Québec où urbanité et ruralité se complètent et se respectent. Travaillons tous ensemble à survivre économiquement et culturellement dans le respect du développement durable. Nous avons tout ce qu’il nous faut entre les mains pour créer de la richesse en respectant notre environnement, nous avons des mines, la forêt et l’eau pour survivre en tant que peuple pour longtemps. Nous sommes un peuple avec une culture distincte et intéressante qui ne peut qu’intéresser le reste de l’Amérique. Nous avons tout en main pour montrer l’exemple et faire de grandes choses. Au lieu de cela, nous nous battons entre villes et régions, nous nous nuisons les uns les autres et très peu de nos projets aboutissent. Si ça, ce n’est pas s’étioler à petits feux, je me demande bien ce que c’est. Et le pire dans tout ça, c’est qu’on mérite collectivement ce qui nous arrive.
Alors de grâce, amis politiciens, montrez l’exemple à vos concitoyens les plus imbéciles et sortez-nous de cette rivalité stérile Montréal vs les régions.