Le véhicule électrique de masse : une possibilité réelle au Québec
Opinion du citadin
Les premiers véhicules motorisés étaient électriques. Puis, au début du vingtième siècle, l’industrie automobile a opté pour le pétrole. Grand bien lui fasse et tant pis pour les masses. Depuis une trentaine d’années, le lobby pétrochimique a toujours tué dans l’œuf les développements du véhicule électrique. Certains efforts chez GM et Saturn dans les années quatre-vingt-dix sont particulièrement choquants à cet égard. Mais ces histoires font partie du passé. L’avenir maintenant. Déjà en 2007, Thierry Vandal, PDG d’Hydro-Québec, parlait le plus sérieusement du monde du véhicule électrique rechargeable de masse : http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/12526. Cette fois, Hydro-Québec fait un pas de plus dans la concrétisation de ce rêve centenaire en collaborant avec Ford au développement de voitures électriques. Cette union se fait dans le cadre du programme nord-américain d’essai et d’évaluation de véhicules hybrides rechargeables.
Pour concrétiser ce mariage de raison avec le seul constructeur américain qui n’est pas sous la protection de la loi sur la faillite, voici quelques termes du contrat :
- Hydro-Québec prend possession de la première Ford Escape hybride rechargeable livrée au Canada.
- La collaboration entre Ford et les sociétés de services publics d’électricité est essentielle pour faire progresser la commercialisation des véhicules électriques.
- La consommation de la Ford Escape hybride rechargeable à batterie lithium-ion serait de 2 litres par 100 km.
Les essais, menés en collaboration avec Ford et l’Electric Power Research Institute (EPRI), dureront trois ans. L’objectif est de mettre au point et d’évaluer les moyens techniques d’intégrer les véhicules hybrides rechargeables au réseau électrique.
Pour ce faire, l’EPRI a recruté neuf sociétés de services publics d’électricité en Amérique du Nord pour faire l’essai des véhicules et recueillir des données sur la technologie de batterie, les systèmes des véhicules et recueillir des données sur la technologie de batterie, les systèmes des véhicules, le comportement des consommateurs et l’infrastructure du réseau. Ford a fourni un total de 21 véhicules pour les essais sur route. Hydro-Québec est la seule société de services publics d’électricité du Canada qui testera le véhicule rechargeable. Fonctionner à l’électricité couterait pour une voiture moyenne faisant 18 000 km 244 $ par année plutôt que 1383 $ présentement, soit six fois moins cher.
« Nous devons accélérer le remplacement du pétrole par l'électricité pour les transports individuels et collectifs, a déclaré Thierry Vandal, président-directeur général d'Hydro-Québec. Au Québec, 42 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent du secteur des transports. Les réductions d'émissions de gaz à effet de serre qui découleraient de l'électrification des transports au Québec, où 98 % de l'électricité est produite à partir de sources renouvelables, seraient considérables. Hydro-Québec fera preuve de leadership dans ce domaine. »
Selon les prévisions, un million de véhicules tout électriques, soit 25 % du parc actuel de véhicules légers au Québec, consommeraient à peu près 3 TWh soit ce que produit la centrale Eastmain-1.
Dans le même souffle, Québec annonçait ce matin se doter d’un plan d’action sur les véhicules électriques. Le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, M. Claude Béchard, affirmait que bientôt, ce vaste plan l’action sur les véhicules électriques serait publié. L’annonce a été faite lors du Forum économique international des Amériques à Montréal. « Il s'agit d'un virage majeur pour le Québec. Le gouvernement y croit et c'est pour cette raison que nous mettrons en oeuvre un plan d'action visant à accélérer l'arrivée des véhicules électriques au Québec et à déployer les moyens nécessaires pour en maximiser les retombées économiques », a déclaré le ministre Béchard.
Ce plan devrait contenir des mesures incitatives qui vont avoir pour objectif d’accélérer le déploiement des véhicules électriques au Québec et des mesures portant sur l’infrastructure de recharge des véhicules électriques et son intégration au réseau électrique existant. « L'électricité est une solution d'avenir pour le transport routier, tant individuel que collectif. Elle constitue une solution pour réduire notre dépendance envers le pétrole et diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Québec a l'avantage de disposer d'une énergie renouvelable, d'un réseau de transport et d'électricité de qualité et d'une expertise reconnue mondialement », a conclu le ministre Béchard.
Il n’y a rien de neuf dans ça par rapport à ce que disait Thierry Vandal en 2007 et que nous rapportions sur ce site. Mais, c’est un pas de plus vers une certaine concrétisation. Bien sûr un plan d’action n’est pas une mise en œuvre mais l’affirmation d’une volonté de mise en œuvre. Reste à voir si ce plan d’action, lorsqu’il sera publié, contiendra des indicateurs de performances nécessaires. La collaboration Ford et Hydro-Québec vient devancer dans l’action le plan et c’est sans doute pourquoi le ministre Claude Béchard a fait cette annonce ce matin. Les astres s’alignent, lorsque le politique, la société d’État et une entreprise privée se lancent ensemble dans un objectif commun. Espérons que cette fois sera la bonne.