Projet de mines d’uranium sur la Côte-Nord : le syndrome pas dans ma cour
Opinion du Citadin
Alors que nous sommes en pleine crise économique, que nous cherchons à créer de l’emploi, que nous cherchons aussi une alternative aux centrales au charbon et au mazout dans le monde, la filière uranium refait surface. Les projets de mines d’uranium sur la Côte-Nord sont sur la table pour répondre à ces deux besoins. Certes, l’uranium n’est pas sans danger. L’exploitation des centrales nucléaires comporte des dangers certains. Mais, à un niveau global, lorsqu’on parle de réchauffement climatique, les conséquences sont moindres à courts et moyens termes. L’exploitation de mines d’uranium (on ne parle pas de centrales ou d’enfouissement de déchets radioactifs ici) pour la Côte-Nord peut donc sembler une bonne nouvelle pour la région. Détrompez-vous, là comme ailleurs au Québec, le syndrome pas dans ma cour existe.
Des pseudo-défenseurs de l’environnement de Sept-Îles ont manifesté sur 80 motoneiges sur le lac Kachiwiss afin de former le symbole de la radioactivité afin de protester contre les projets de mines d’uranium sur la Côte-Nord. Ils étaient filmés par un hélicoptère qui survolait le lac. Il s’agissait d’une équipe de tournage de l’Office national du film (ONF) qui a capté le symbole. Pour la réduction des gaz à effet de serre, on repassera lorsqu’on sait que la motoneige et l’hélicoptère sont parmi les véhicules motorisés les plus polluants. Pour ce qui est de la crédibilité environnementale, c’est un gros zéro en ce qui me concerne.
«Nous avons organisé cette manifestation pour dire au gouvernement que nous sommes au courant qu'il donne des permis et qu'il va de l'avant avec des entreprises qui veulent sortir l'uranium de la Côte-Nord. Faut se réveiller, c'est en train de se passer derrière nos villages dans nos bassins versants. On veut aussi dire au Québec qu'il faut se demander si on veut devenir une province productrice d'uranium ou non», explique l'organisateur de la manifestation, Marc Fafard interrogé par le journal Le Nord-Est.
L’Association de la protection de la rivière Moisie (APRM) a aussi participé à la manifestation :
«L'APRM est voué à la protection de la faune et de la flore de la rivière Moisie et ses tributaires. Le lac Kachiwiss fait partie du bassin versant de la rivière. On est contre le fait qui puisse y avoir de l'exploitation d'uranium à moins de quatre kilomètres de la réserve aquatique projetée», affirme le président de l'APRM, Bernard Lynch, au journal Le Nord-Est.
Le principe de l’aire protégée, c’est qu’on protège une superficie donnée. Cela veut dire qu’à 1 mètre de l’aire, le terrain a une autre vocation. Alors imaginez 4 km… Je ne dis pas que les manifestants n’ont pas raison d’être inquiets. Il semble y avoir un manque de transparence dans le dossier de la part du gouvernement. L’exploitation de mines d’uranium comporte un risque pour l’environnement et la santé humaine, c’est vrai. Ce n’est pas en faisant avancer ce dossier en cachette que les citoyens seront rassurés.
Mais, ce n’est pas en manifestant en motoneige et en hélicoptère qu’on va avoir une crédibilité en tant que défenseur de l’environnement. Le message que ça envoie, c’est : Pas de nucléaire dans ma cour, pis laissez-nous brûler du pétrole en masse! Rendu là, permettons l’ouverture de mines d’uranium au Québec tout en réduisant au maximum les impacts sur l’environnement et en s’assurant qu’en tout temps, la santé humaine n’en sera pas affectée.
Motoneige polluantes vs 4 milliards d'années d'eau polluées par l'uranium et ses demi-vies.
Johanne Roussy
Lundi 06 Avril 2009 10:30:39