Les danger de l’antiaméricanisme au Québec
Opinion du citadin
Un sondage commandé et commenté par le magazine Sélection dans l’édition de novembre 2008 (disponible en kiosque le 27 octobre) fait la manchette depuis hier. Les Québécois seraient les champions de l’antiaméricanisme. Notre plus proche voisin et principal partenaire commercial le sait-il? 24% des Québécois se diraient ouvertement antiaméricains, aux dires de Robert Goyette, rédacteur en chef du Sélection. Pire, le Québec remporterait la palme mondiale de l’antiaméricanisme selon un sondage mené par Reader’s Digest en juillet dans 17 pays. J’ose croire que le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord ne furent pas sondés, ce serait la honte absolue. Impossible de parler à Monsieur Goyette, nous avons transmis les questions et reçu une réponse via la réceptionniste de la salle de nouvelles. Je n’ai pas insisté pour plus de détails.
Outre le fait que le Québec et les États-Unis partagent les mêmes frontières et échangent biens et services pour une valeur de plusieurs milliards de dollars, les deux nations sont divisées sur bien des aspects des problèmes vécus sur terre.
En effet, pour les Québécois, les préoccupations principales sont l’environnement (32%), la pauvreté et l’exclusion (18%), l’économie (13%) dans les trois premières positions. Pour les Américains, les préoccupations principales sont l’économie (26%), le terrorisme (19%) et la guerre en Irak (16%). On peut fort bien comprendre ces différences sans développer d’agressivité.
La campagne présidentielle bat son plein et les sondeurs ont demandé aux Québécois pour qui ils voteraient. 75% des Québécois voterait pour Obama s’ils avaient droit de vote aux États-Unis.
Le sondage, outre le dernier point dont la présence est discutable, reflète une réalité. Plusieurs Québécois crachent depuis longtemps sur la main qui les nourrit. Premier partenaire en affaires, nous avons davantage besoin des Américains que du contraire. Est-ce que cela expliquerait l’agressivité de certains? Cela dit, le Québec serait composé de 24% de gens hostiles envers les États-Unis? Vraiment?
D’ailleurs, je me pose la question en lisant l’article http://www.selection.ca/cms/xcms/les-qu-b-cois--champions-de-l--anti-am-ricanisme-_1382_a.html si les sondeurs et les répondants savent ce qu’est l’antiaméricanisme. Être antiaméricain c’est être hostile envers les États-Unis. Être hostile c’est un adjectif qui veut dire agressif, qui se conduit en ennemi. J’ose croire que la question n’était pas comprise ainsi et que les réponses n’exprimaient pas une telle hostilité mais davantage une différence de point de vue. Car la définition du mot ne semble pas avoir été soumise aux répondants d’après ce que je comprends des éléments de réponse transmis par la réceptionniste de Monsieur Goyette. Souvent, dans les sondages, les sondeurs prennent pour acquis que les sondés connaissent la définition des mots utilisés. J’imagine que beaucoup de répondants ne connaissent pas la définition du mot ou tout son sens.
Mais ce n’est là qu’une interprétation de ma part. Je sais que beaucoup de Québécois ont une haine féroce des Américains, surtout depuis l’arrivée de George W. Bush au pouvoir en 2000. Il y a là, selon moi, une confusion entre l’homme politique et les citoyens de son pays. La preuve, c’est que le président actuel n’est plus aimé que par une toute petite minorité dans son pays.
Bien des pays ont des raisons d’être antiaméricains : l’Irak, le Pakistan, l’Iran, la Corée du Nord par exemple. Mais nous, jusqu’à présent, je ne vois pas pourquoi nous serions des ennemis des États-Unis.
En effet, que nous ont-ils fait de mal, à nous, les Québécois? Rien. Les Américains sont nos voisins, des partenaires commerciaux sans qui le Québec serait carrément une province du tiers-monde. Les Américains aiment bien visiter le Québec et vice-versa. Alors pourquoi le quart des Québécois serait-il antiaméricain?
Les Québécois peuvent avoir une opinion différente sur une foule de sujets, ne pas vouloir aller vivre aux États-Unis et vivre l’américan way of life. Soit, c’est légitime et ça se comprend fort bien. Au pire, je comprendrais l’indifférence. Mais de là à être hostile envers les Américains, voilà quelque chose qui m’échappe complètement. Il s’agit là d’un sentiment stupide. Dans les faits, les Québécois n’ont aucune raison d’être anti n’importe quel pays sur cette planète. Nous ne sommes en conflit avec personne. Les Québécois peuvent être contre certains gouvernements totalitaires, mais pas leur peuple. Des Québécois luttent contre les Talibans en Afghanistan, mais nous ne sommes pas antipacthtoune pour autant que je sache. Pourquoi serions-nous alors antiaméricains????
Les États-Unis sont une démocratie. Si le Québec est antiaméricain, du moins 24% des Québécois, et bien ces Québécois sont hostiles aux Américains, ressentent de l’agressivité envers eux et pourraient même se conduire en ennemi. C’est très grave et inaceptable si cela est vrai.
Voilà pourquoi j’émets des doutes quant aux résultats de ce sondage. Je crois que pour beaucoup de répondants, pas juste au Québec mais dans les 17 pays sondés, le mot antiaméricanisme a été mal compris. Cette interprétation me rassure sur mes concitoyens et fait que j’ai un peu moins honte d’être Québécois au moment où j’écris ces lignes.
