Thetford Chicken Massacre, un manque de jugement de la part des organisateurs
Opinion du citadin
Polémique à Thetford Mines, au Centre-du-Québec, à la suite de la mise en ligne sur Facebook d’un vidéo faisant la promotion du neuvième Thetford Chicken Massacre. C’est une activité où on place un carrelage au sol, avec une bûche au centre. Un bourreau vient y couper le cou d’un poulet ou d’une dinde avec une hache ou une machette. J’avoue que cela importe peu, faut juste savoir que ça coupe net d’un coup. L’animal décapité agonise en sautant partout jusqu’à trépas (10 secondes après la décapitation habituellement). Le carreau dans lequel il s’arrête désigne un gagnant. C’est très original comme idée n’est-ce pas? Mais c’est stupide...
De plus, c’est troublant de voir des gens s’amuser avec ce que l’on appelait autrefois faire boucherie. Jadis, dans les fermes québécoises, les poulets et dindons étaient décapités sur une bûche, puis bouillis quelques instants dans l’eau chaude pour les déplumer. Nos grands parents avaient trouvé cette méthode pour abattre la volaille pour ne pas la faire souffrir. Beaucoup moins dur et cruel toutefois que de saigner l’animal ou de le tirer à la carabine ou le pendre sur un collet. La décapitation d’un coup permet à l’animal de ne pas souffrir.
Autre point à noter, il semble que ce soit une activité privée qui n’a rien à voir avec les activités officielles de la Ville de Thetford Mines ou de Saint-Joseph-de-Coleraine où est situé le terrain où se déroule l’activité. L’activité est tenue annuellement dans une propriété privée au bord du Grand Lac Saint-François. Une centaine de personnes y assistent. «C’est la première fois que j’entends parler de ça mais on n’a pas le droit d’utiliser la torture envers les animaux pour amuser les gens. C’est vraiment barbare», explique Manon Légaré, coordonnatrice des activités pour la Société protectrice des animaux (SPA) de Québec interrogée par le quotidien Le Soleil. «D’après moi, ça pourrait enfreindre l’article 446 du Code criminel concernant la cruauté envers les animaux», a-t-elle précisé ensuite.
L’organisateur est un certain Dr. Gaston Dorval, gynécoloque, (lire commentaires sur http://www.ratemds.com/doctor-ratings/90065/QC/Thedfordmines/Dorval )qui affirme que l’activité n’est pas cruelle et que les poulets décapités souffriraient moins qu’à l’abattoir. «On leur coupe le cou d’un seul coup, ils meurent immédiatement et ne ressentent aucune douleur, alors qu’à l’abattoir, ils les saignent et les laissent mourir au bout de leur sang», explique l’obstétricien, précisant au journaliste du Soleil que deux ou trois poulets subissent ce sort au cours de l’activité annuelle. Le Dr. Dorval affirme que c’est son enfance à la campagne en Abitibi-Témiscamingue qui l’a incité à organiser cette activité lors d’un party annuel organisé par ses fils. «À la ferme, durant mon enfance, on tuait nos propres poulets et on le faisait de cette façon pour ne pas les faire souffrir. Ce qui impressionne les gens de la ville, c’est que le poulet, contrairement à un bœuf ou un porc, continue à bouger quelques secondes après qu’on lui ait tranché la tête», poursuit-il à l’intention du journaliste du Soleil.
Même si ce médecin a raison à propos de la souffrance des poulets, et j’aurais tendance à croire son explication, je m’interroge toutefois grandement sur son jugement. J’ai déjà vu faire boucherie pour de la volaille lorsque j’étais petit. La méthode utilisée était justement le cou sur le billot. Soit, l’animal n’est pas censé souffrir, mais comment peut-on s’amuser de ça? Faire boucherie est un mal nécessaire si on veut manger du poulet, mais quel intérêt à en faire un jeu sinon de choquer les citadins? C’est un manque de jugement car c’est un spectacle de rednecks stupides qui n’apporte rien sinon que de regarder agoniser un animal.
Il semblerait que suite à toute cette polémique le jeu de massacre serait annulé. Si c’est vrai, tant mieux, enfin un peu de jugement de la part des organisateurs. La boucherie c’est un mal nécessaire qui se fait dans les règles de l’art et de manière discrète et le plus respectueusement possible pour l’animal. Le Thetford chicken massacre c’est stupide et ce n’est pas nécessaire. Je crois qu’on peut faire bien d’autre chose pour s’amuser au bord d’un lac. Faire de la motomarine, du ski nautique, pêcher, faire griller des guimauves sur le feu, sortir les guitares et chanter, une soirée de contes autour du feu, partir le système de son pour danser, etc. Ce n’est pas les idées qui manquent pour distraire 75 à 125 personnes.
Le Thetford chicken massacre, vu de l’extérieur et à la lecture des articles parus dans Le Soleil, c’est un manque de jugement de la part d’un père de famille pour avoir l’air cool auprès de ses fils. L’annulation de l’activité prouverait que les organisateurs reconnaissent avoir fait erreur.
À savoir maintenant s’il y a infraction à l’article 446 du Code criminel, c’est sujet à interprétation et les avocats vont s’amuser ferme longtemps avec cet os.