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Les aubaines alimentaires bidons?

En changeant la mission de la Caisse de dépôt, on changeait un outil de développement économique en cagnotte de perception de taxes. Le détournement de la mission de la Caisse de dépôt par le gouvernement Charest au détriment de sa mission d'aide au développement économique du Québec, c'est l'erreur nationale qui dépasse en magnitude l'erreur boréale décriée par Richard Desjardins. Oui, les conséquences remplissent les coffres de l'État encore plus centralisateur, mais au détriment des milliers d'entreprises de la chaîne agroalimentaire du Québec. On sacrifie le développement économique pour se remplir les poches...de toute façon presque personne ne s'en soucie, occupée qu'ils sont à rejoindre les deux bouts.

Presqu'en sourdine, la voie avait été toute tracée par Lucien Bouchard alors premier ministre du gouvernement du Parti québécois qui encouragea sans mot dire la vente des intérêts de la Caisse de dépôt dans Provigo au profit de Loblaws.

Attention, toute la filière agroalimentaire allait goûter à la médecine du commerce international, sans filet de protection. Sans intérêts québécois dans la chaîne de distribution alimentaire, celle-ci étant maintenant sans défense face à la ''dictature'' de la distribution alimentaire!

La porte était maintenant toute ouverte pour braquer les approvisionnements alimentaires du Québec face aux aubaines internationales. Les régions allaient en payer le prix, un prix fort!

Placés en situation de quasi-monopole, dans un contexte de libre échange et avec comme seul objectif de plaire à vos actionnaires, vous feriez comme les grandes chaînes de distribution!

Alors:

  • Vous achèteriez vos produits alimentaires au plus bas prix possible partout dans le monde.
  • Vous négocieriez durement avec tous vos fournisseurs locaux (bien entendu seulement les gros) et vous leur imposeriez vos lois.
  • Vous centraliseriez vos achats et vous travailleriez sans cesse à rationnaliser vos opérations.
  • Pour calmer vos détaillants, vous imposeriez des quotas d'achat local «presque bidons» et garderiez bonne presse.

Voilà juste quelques-unes des décisions logiques que quelques grandes chaînes de distribution alimentaire sont en droit d'appliquer pour conserver leur compétitivité dans un monde de globalisation.

Isolés, les participants à la grande chaîne alimentaire du Québec sont impuissants. Qui d'autres que nos politiciens auraient le pouvoir de changer les choses? La problématique de la ''dictature'' de la distribution est liée au manque de «lobbyistes réunis» qui représenteraient tous les intérêts de la chaîne alimentaire auprès de nos gouvernements.

Il y a bien l'UPA qui fait un travail de terrain important pour la souveraineté alimentaire. Son cadre d'analyse et ses intérêts ne ratissent cependant pas suffisamment large pour s'adresser à une problématique maintenant devenue globale pour les entreprises agroalimentaire dans l'économie québécoise.

Chacun dans sa cour et isolé pendant que le feu se propage!

Seuls les politiciens pourraient corriger l'erreur nationale et l'insulte faite à l'intelligence des québécois et des régions. Il faut au Québec se redonner une influence dans les entreprises de distribution alimentaire.

Il faut remettre la Caisse de dépôt dans le coup, se racheter une influence dans la distribution alimentaire et changer le cours des choses.

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