Donnez la SAQ aux Régions et non au Privé!
La Société des Alcools du Québec (SAQ) est présentement une Société d’État avec un seul actionnaire, le ministre des finances du Québec. Certains voudraient privatiser la SAQ sous prétexte que ce n’est pas la fonction de l’État de distribuer de l’alcool. Mais céder cette fonction au secteur privé, comme les gouvernements libéraux sont constamment tentés de le faire, c’est remettre la poule aux œufs d’or à nos milieux d’affaires, sinon même à des intérêts financiers hors du Québec.
- Elle emploie un total de 6,904 personnes (3,761 réguliers et 2,333 à temps partiel) auxquelles elle verse 228 millions $ en salaires, et 42,8 millions $ en charges sociales.
- Elle possède 408 succursales et 400 agences, donc 808 points de vente.
- Les ventes brutes ont été de 2,765,300,000 $
- Le bénéfice net, payé en dividende au gouvernement du Québec a été de 656,900,000 $
- Le montant payé en douanes, taxes de vente et taxes spécifiques, au deux niveaux de gouvernement, ont été de 1,304,700,000 $
- Les achats en biens et services (portes, comptoirs, vêtements pour employés, etc.) ont été de 83 millions $ auprès de 1,080 fournisseurs.
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La Société fait affaire avec plus de 3,000 fournisseurs dans 55 pays et dit, elle-même : « il n’existe aucun autre réseau comparable dans le monde ».
(Données de 2005-2006)
Présentement la SAQ est efficace mais hautement centralisée, pilotée par des amis du pouvoir, avec au fond la mission de financer le gouvernement à Québec. Pourquoi, pour une fois, ne céderait-on pas aux citoyens et aux régions une affaire qui marche et qui marchera indépendamment de toute conjoncture, précisément pour financer l’économie sociale et citoyenne? Il s’agit d’un produit très près du monde, d’une expertise déjà acquise au niveau des employés, avec un fort potentiel pour insérer les régions dans le commerce international, accueillir les produits locaux et soutenir les coopératives d’ici et d‘ailleurs (vin équitable) mieux que ne le fait la SAQ actuelle. De plus, le gouvernement du Québec ne peut arguer qu’il subirait une perte financière : les quelque 700 millions reçus par lui en 2005-2006 ne disparaissent pas, ils sont administrés autrement, c’est-à-dire par les citoyens pour soutenir le développement de l’économie sociale. Par ailleurs. Les gouvernements, à Ottawa et à Québec, continueraient à percevoir plus d’un milliard en taxes, douanes, ventes et autres.
Dans le contexte d’un réaménagement des divers paliers de gouvernement au Québec et conformément aux principes selon lesquels « il faut faire en sorte que la responsabilité d’un service public soit confiée au palier de gouvernement le mieux placé pour le fournir à meilleur coût à la population », on pourrait donc procéder à la transformation de la Société des alcools du Québec de son statut actuel de « société d’État » en celui de « coopérative ».
La loi établirait dans chaque région administrative du Québec une « coopérative régionale des alcools ». Les parts sociales d’une région ne pourraient être détenues que par des citoyens ayant résidence principale dans cette région.
La mission des coopératives régionales serait la distribution et la vente de produits alcoolisés dans le but de soutenir financièrement des activités régionales et locales dans le domaine de l’économie sociale et, en priorité, dans celui des coopératives.
Le bureau central de la Société des alcools du Québec, dont les membres seraient désignés par le gouvernement du Québec, serait maintenu, sous le nom d’Agence centrale des alcools du Québec. En plus de percevoir douanes et taxes, l’Agence agirait à titre de grossiste en particulier par la gestion du réseau international des fournisseurs de produits alcoolisés.
Le gouvernement du Québec créerait, comme on le fait présentent dans le domaine de l’agriculture, le poste d’inspecteur et de contrôleur de la qualité.
Note : la transformation de la SAQ en coopérative avait été entreprise en 1985 dans les derniers moments du gouvernement de René Lévesque. Il s’agissait de remettre la SAQ à une coopérative formée de ses employés. La CSN, qui ne voulait pas perdre un de ses importants syndicats, s’est vivement opposée à la mesure! Le milieu des affaires privées, qui aimerait bien un jour privatiser cette poule aux œufs d’or, s’y est également opposée avec vigueur. Finalement, à l’approche de l’élection générale, le nouveau Premier ministre Pierre-Marc Johnson a remisé le dossier dans un tiroir. Et évidemment ce n’est pas un gouvernement libéral qui va le ressusciter. Une autre pièce du projet démocratique de René Lévesque qui s’est envolée...
M. Larocque est aussi membre du Parti Vert, ex-sous-ministre à la réforme des institutions démocratiques dans le gouvernement de René Lévesque, vice-président du Mouvement Démocratie et Citoyenneté du Québec et membre de la Coalition pour un Québec des Régions.