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Une région motivée en vaut deux!

Dans le cadre de sa réflexion sur la richesse qui reste ici, l'Union des comités de citoyens du Québec ne peut pas passer sous silence l'important débat sur la décentralisation qui a court actuellement. Un débat important pour l'avenir du Québec et des régions et auquel nous voulons apporter notre contribution.

Je te donne, tu me donnes

La peur presque maladive de l'État québécois vis-à-vis la décentralisation est alimentée par la similitude apparente des problèmes de partage des pouvoirs vécus tous les jours avec Ottawa. Une hantise qui à notre point de vue fait perdre à l'État sa capacité d'analyse de la vrai dimension du problème.

Si la décentralisation vers les régions était seulement une affaire de pouvoirs, le dossier serait clos. Personne ne donne de pouvoirs sans y être obligé. Parce que c'est plus qu'une affaire de partage de pouvoirs, nous maintenons que Québec sera obligé de consentir au partage du pouvoir avec les régions. Il en va de sa survie économique.

La résolution de cet apparent paradoxe réside dans le choix du cadre d'analyse. Avec la globalisation des marchés, le cadre a changé. L'analyse du partage des pouvoirs doit obligatoirement inclure les conséquences de la globalisation sur l'économie du Québec et le pouvoir politique. Elle doit également considérer que sans les régions bien motivées travaillant à produire de la richesse, le Québec ne se résumera bientôt plus qu'à une grande métropole régionale. Les régions appauvries par la métropolisation et les grandes entreprises «en compétition avec les économies en émergences», vivront aux crochets des grands centres urbains.

La globalisation à fait son œuvre. Il faut maintenant faire avec et l'inclure dans toute analyse des pouvoirs de l'État. Les nations ne sont plus uniquement gouvernées par des pouvoirs politiques, mais également par des pouvoirs économiques hors frontières et sur lesquelles les politiciens n'ont pas beaucoup d'emprise. Le pouvoir politique est maintenant plus économique que politique. Parlez-en à l'Alberta.

Pour changer la donne au Québec et développer un nouveau dynamisme créateur d'emplois et de richesse, il faut changer quelque chose. Ce quelque chose doit être significatif. À notre point de vue la seule proposition de changement porteuse d'une promesse réaliste de renouveau économique, c'est la décentralisation. Seule arme économique «qu'elle contrôle» et dont dispose l'État québécois pour se différentier et pour faire changer les choses. Il ne faut pas réduire le débat sur la décentralisation à une lutte de pouvoirs entre Québec et les régions. Il faut mettre la prospérité économique au centre du débat.

Vue sous cet angle, la décentralisation est l'outil économique qui croyions-nous, va donner au Québec le moyen de motiver les régions à participer à la création de la richesse.

La nécessité de décentraliser prend alors toute sa signification pour le pouvoir politique.

Si l'État perçoit toutes les nuances du changement de cadre d'analyse que nous proposons, les régions deviennent une arme redoutable et essentielle pour compétitionner. Dans le cas contraire... si la tendance se maintient, à brève échéance, le Québec ne sera plus qu'une curiosité Nord américaine...les régions, des assistés sociaux chroniques.

Des politiciens ou des motivateurs?

Nous sommes convaincu que le débat sur la décentralisation doit dépasser des notions de pouvoirs Québec/Ottawa, Québec/Régions. Ce n'est pas le pourquoi Québec doit décentraliser, mais le comment Québec va décentraliser qui importe.

Ce n'est pas la métropolisation à outrance qui créera de la richesse sur notre grand territoire. C'est la symbiose du travail de la métropole avec les régions qui fera la différence. Pour y arriver, Québec n'a pas le choix. Il doit impliquer les régions et les motiver.

On ne motive pas en donnant des ordres qui ne collent pas à la réalité des régions. On perd encore plus de sa crédibilité quand on organise des consultations bidons... On motive, en donnant à la base le pouvoir de proposer et réaliser ses projets.

L'État central prend tout son sens quant elle donne les grandes orientations et devient un facilitateur au service des projets venants et réalisés par la base. Tous les motivateurs de ce monde vous diront qu'il n'y a pas de meilleurs moyens pour faire travailler des gens que de leur donner le pouvoir de rêver des projets et de les réaliser eux-mêmes. Du même souffle, tous les chefs d'entreprises vous diront qu'un employé motivé en vaut deux.

L'État québécois n'y échappera pas, c'est la décentralisation ou on crève «difficile de le dire plus crument».

Continuez à accumuler tous les pouvoirs à Québec et vous, les politiciens, vous serez encore plus seul que jamais à tenter de faire travailler les régions sur vos objectifs et projets concoctés à Québec. Continuez à penser à la sauvette à des projets comme l'éolien qui appauvrissent les régions et bonne chance pour la prochaine élection!

Pour nous en région, le plus gros de notre temps consistera à continuer nos processions à Québec pour quémander notre pitance. Pour sauver notre peau, une économie parallèle risque d'en découler. La solidarité nationale en prendra un coup et la perception des taxes et impôts aussi!

Pour les régions, la décentralisation ce n'est pas une question de pouvoir. C'est avant tout une question de motivation et de fierté.

Régions et motivations

C'est avec cette idée simple ''régions et motivations'' que nous défendons la thèse de la décentralisation dans un cadre élargi de globalisation et d'économie de marchés.

Dans le respect des grandes orientations données par l'État, les régions sont prêtes à travailler avec Québec pour une nouvelle prospérité...si elles en portent toute la responsabilité. La motivation sera au rendez-vous de la fierté.

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