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Économie et développement durable au programme

32e congrès de l'ASDEQ

Thierry Vandal. Photo La Vie Rurale

Thierry Vandal. Photo: La Vie rurale.

Le 32e congrès de l’Association des économistes québécois se déroule actuellement à Québec au Loews Le Concorde. L’événement se déroule du 16 au 18 mai. Le thème cette année est on ne peut plus d’actualité avec Économie et Développement durable : une alliance réaliste? La question se pose en effet. Certains économistes ont permis au ministre John Baird d’agiter des épouvantails dernièrement pour justifier que le Canada ne respecte pas le protocole de Kyoto. D’autres sonnent l’alarme et avancent des chiffres bien plus terribles pour quantifier les coûts de l’inaction. C’est le cas de l’ancien économiste en chef de la banque mondiale, Nicholas Stern, et de son désormais célèbre rapport sur les coûts du réchauffement climatique. Mais revenons aux économistes québécois qui démontrent un intérêt certain pour le développement durable et surtout la diminution des gaz à effet de serre. La Vie Rurale était sur place le jeudi 17 mai pour deux des ateliers-conférences au programme.

Le premier atelier était intitulé «Outils de décision économique et adaptation aux changements climatiques». La première partie de cette plénière était assurée par Pascal Wolff, chef de section, indicateurs structurels et développement durable, Eurostat. L’exposé était très théorique et plus ou moins bien vulgarisé pour un profane. Ceci dit, le rôle de Monsieur Wolff et de son équipe chez Eurostat n’en est pas moins important et sa présence ici nécessaire puisque Québec veut se doter d’indicateurs de développement durable. C’est exactement ce que fait Eurostat. L’Europe est en avance sur le Québec en matière de développement durable et de capacité à mesurer la performance d’un pays ou d’une entité géographique en cette matière. La fin de l’exposé de Monsieur Wolff était donc optimiste à cet égard même si, actuellement, pour l’Europe, les indicateurs du développement durable n’indiquent pas une très bonne performance. Imaginons la performance du Québec et de l’Amérique avec les mêmes indicateurs. Sans doute désolant Il faut bien commencer quelque part comme on dit.

Le deuxième intervenant de cette plénière était Jean-Pierre Savard du Consortium Ouranos. Monsieur Savard n’est pas un économiste, mais un scientifique venu dire aux congressistes de se préparer puis de s’adapter aux changements climatiques. Pour se faire, il a exposé très explicitement avec données et modèles prévisionnels les impacts de ces changements au Québec. Tout simplement hallucinant et dans la mission d’Ouranos. Ce consortium sert à définir les coûts et adaptations nécessaires que le Québec doit et devra faire pour affronter les changements climatiques. Coûts qui seront en grande partie calculés par les économistes actuels et futurs. Monsieur Savard constate que les économistes sont les experts les plus écoutés par les politiciens dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons. Il est donc essentiel que scientifiques et économistes travaillent de pairs en matière de développement durable et de diminution des gaz à effet de serre.

Suivait ensuite un dîner-causerie intitulé «Hydro-Québec et le développement durable». C’est Thierry Vandal, président et chef de la direction, Hydro-Québec, qui s’est déplacé pour expliquer ce que nous devinions déjà. Il est en effet de notoriété que l’hydroélectricité est une énergie beaucoup plus propres que celle produite à partir du charbon ou du pétrole. J’y ai découvert un chef d’entreprise beaucoup plus passionné que ce qu’en laisse voir le bulletin de nouvelle du soir. Monsieur Vandal croit en l’hydroélectricité de manière sincère et m’a appris de belles choses. Par exemple, une filiale d’Hydro-Québec (j’oublie le nom) travaille sur la voiture électrique hybride. Non pas hybride électricité et pétrole, mais hybride électricité-électricité. C'est-à-dire, vous branchez votre véhicule pour le charger, mais en période de demande énergétique intense, si vous le désirez, votre véhicule peut servir de réserve d’électricité pour Hydro-Québec. 100 000 véhicules comme ça au Québec, ce qui est un chiffre raisonnable à moyen terme, peut fournir autant qu’une centrale hydro-électrique traditionnelle. C’est un projet que je n’avais jamais entendu parler mais qui semble vraiment intéressant. Monsieur Vanda a ensuite vanté les mérites de l’hydroélectricité vendue à nos voisins du sud. C’est payant et c’est de l’énergie propre. Autant de tonnes de charbons qui ne se retrouvent pas dans l’atmosphère, ce n’est pas rien. Hyrdo-Québec travaille donc très fort sur ce point. Mais c’est une direction contestée. Certains congressistes pensent qu’il s’agit d’un calcul risqué. Les centrales au charbon seraient sur le point d’être dotées de filtres qui captent les émissions de CO2 à la source et ce en totalité. Le marché des exportations d’Hydro-Québec s’effondrerait alors. Je ne partage pas cette vision. De gros filtres sur les cheminées des centrales à charbon des États-Unis seraient sur le point d’être installés? Cela ressemble plus à une grosse légende urbaine qu’à une certitude. Et même si c’était vrai, les centrales à charbon deviendraient dès lors écologiquement propres, les prix, tout comme l’uranium actuellement, gonfleraient. Je ne crois pas que l’exportation d’hydroélectricité s’effondrerait. Hydro-Québec semble penser de même. Il n’en demeure pas moins que ces efforts mis sur l’exportation chez nos voisins ontariens et américains ne fassent pas l’unanimité.

Vous voulez en savoir plus sur ce congrès? Visitez le site du congrès et vous y trouverez même les actes du congrès prochainement.

J’ai passé quelques heures rassurantes. Les économistes ont un cœur comme vous et moi, ils ont les mêmes préoccupations que nous. Les politiciens les écoutent plus que nous, simples citoyens. Les grands patrons se déplacent pour leur parler. J’y vois beaucoup d’espoir. Des économistes qui parlent développement durable et réduction des gaz à effet de serre. Et si nous étions à un doigt de faire réagir nos politiciens? Ça vaut la peine d’y croire…

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