Crise forestière et pénurie de main d'oeuvre, le monde à l'envers
Saguenay-Lac-Saint-Jean
Alors que l'industrie forestière traverse une grave crise, une nouvelle étonne cette semaine. Des entreprises forestières du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont dans l'obligation de solliciter de la main d'oeuvre étrangère pour maintenir leurs opérations. Et nous, tous les citoyens du Québec, on paie pour les ouvriers forestiers qui ont perdus leurs emplois. Qu'est-ce qui cloche, les nouveaux emplois sont-ils sous-payés ? Non, c'est que ce sont des tâches différentes. Les travailleurs forestiers dans les scieries et dans le bois sont là pour couper et scier. Planter et reboiser, c'est pas la même chose. On doit alors aller chercher des Mexicains pendant que nos bûcherons au chômage se plaignent de ne plus avoir de travail.
Dans les faits, les entreprises sylvicoles peinent à trouver des débroussailleurs. « C'est quand même un métier qui est difficile. Ça demande une bonne capacité physique et ça demande une certaine productivité aussi », explique la responsable de la Table régionale de concertation en immigration de la Conférence régionale des élus (CRÉ) à Radio-Canada. Je pensais que couper du bois, travailler dans une scierie demandait aussi une bonne capacité physique. Là il n'y a plus de forêt et il faut replanter. Tout le monde était partant pour couper et scier mais personne ne veut replanter. C'est quoi le problème ?
Étant donné que les travailleurs forestiers attendent que la forêt ait repoussé et que les multinationales viennent les supplier de retourner au travail (bonne chance !), la demande est là et pour y répondre, Vincent Brym, un Togolais qui demeure maintenant à Saguenay a créé un projet nommé ADIR. Durant l'été 2006, Radio-Canada a rapporté que cette initiative d'économie sociale a donné la chance à 77 immigrants francophones au chômage dans la région de Montréal (surtout des immigrants d'Afrique) à travailler à Champord et à Labrecque pour deux compagnies. Le succès est là et pour l'été 2007 c'est 200 personnes qu'il faut aller chercher. Tant mieux si les travailleurs immigrants viennent combler ces besoins que des travailleurs forestiers estiment ne pas être assez intéressant pour eux. Du débroussaillage et planter des arbres, moi, faire ça ? Jamais !
L'ADIR a pour objectif de convaincre des immigrants à venir s'installer au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Durant l'année 2006, 15 sont restés dans la région. Monsieur Brym négocie une entente avec la CRÉ pour l'aider à inciter les immigrants à demeurer en région. Les discussions n'avancent pas vraiment selon Radio-Canada qui n'est pas entré dans les détails. « Les gens ont envie de rester ici s'il y a une volonté régionale. Il y a des choses qui avancent, mais pas à notre rythme » conclut Monsieur Brym.
La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean se plaint, avec raison, d'avoir un déficit démographique. L'initiative de Monsieur Brym est excellente et mérite l'appui des élus, fonctionnaires et de la population. Quant aux travailleurs forestiers sur le chômage, il pourrait être intéressant de faire du débroussaillage et de la plantation cet été. Ce n'est peut-être pas aussi payant, mais il me semble que c'est toujours mieux ça que le chômage non ? Crise forestière et pénurie de main-d'oeuvre, c'est vraiment le monde à l'envers.