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Les biocarburants sont des biocatastrophes

Énergie

L'avenir du transport est incertain. Pour combattre les émissions de gaz à effet de serre, beaucoup se tournent vers les biocarburants à base de végétaux comme le maïs. La solution serait pourtant l'électricité et l'hydrogène car rien ne prouve que les biocarburants sont meilleurs que le pétrole en termes de GES. De plus en plus de doutes sont émis par la communauté scientifique à cet effet. Même les producteurs de biocarburants émettent des réserves dans le cadre du Biofuel Summit http://www.biofuelsummit.info/en/index.html.

Ce sommet est celui des producteurs d'huiles végétales, réunis à Madrid en Espagne ce mardi 17 avril 2007. Ces derniers estiment que la généralisation des biocarburants pour remplacer le pétrole n'est pas une solution adéquate pour l'avenir de la planète. Venant de la part des producteurs d'huiles, c'est étonnant, c'est comme si les grandes pétrolières affirmaient que l'avenir n'est pas dans l'essence et le pétrole. Un communiqué diffusé à l'occasion du colloque des producteurs d'huiles végétales par deux ONG affirme : «La fabrication et la consommation de soi-disant+biocarburants+ font peser des menaces sur la conservation des forêts tropicales, sur le climat et sur la sécurité alimentaire». Ça ressemble à une biocatastrophe en devenir.

L'usage de plus en plus répandu du biocarburant a déjà provoqué une crise du maïs au Mexique en 2006 et ce n'est que le début. Les monocultures intensives vont s'accroître dans les zones les plus fragiles de la planète. Au sud, dans les pays pauvres. Pendant que les populations là-bas vont mourir de faim, le maïs va pousser à plein champs juste à côté pour faire rouler nos véhicules sans que ce soit mieux pour l'environnement. Ce biocarburant devant être ensuite transporté dans les pays riches qui vont brûler le tout. En termes de GES, il n'y a qu'une impression de bonne conscience et une dépendance moins forte aux combustibles fossiles. Sinon, aucun intérêt. Via Campesina et Ecologistas en Accion font des mises en garde dans le même sens lors du colloque des producteurs d'huiles végétales. Selon eux, l'huile végétale et le bioethanol en remplacement du pétrole représente une grave menace pour la planète. Rien de moins. De nombreuses terres agricoles sont désormais sollicitées pour les cultures énergétiques. Les exemples les plus probants : huile de palme, soja, colza et cela au détriment de la culture servant à l'alimentation humaine. La sécurité alimentaire des pays pauvres est en jeux.

Les industriels et producteurs réunis au Biofuel Summit, une première en Europe, s'estiment conscient des risques liés à une production intensive de biocombustibles. Ce qui ne semble pas le cas ici en Amérique, Canada et Québec inclus, de plus en plus impliqués dans l'agriculture Frankenstein, les OGM.

Ceci dit, inutile de se le cacher, les biocarburants sont une manne inespérée pour les producteurs agricoles de partout dans le monde. Cela va faire monter les prix des végétaux mentionnés ci-haut car la demande est infinie. Danger de déforestation dans les pays du sud pour profiter de ce nouvel Eldorado."Le résultat direct de l'augmentation de la consommation globale d'huiles végétales sera la disparition d'espèces qui vivent dans ces forêts. L'un des objectifs du "Biofuel Summit" est précisément de "faire l'inventaire des huiles disponibles" et d'analyser leur impact environnemental ", explique à l'AFP l'organisateur du colloque, le cabinet allemand Survey Marketing and Consulting.

C'est déjà beau de reconnaître le problème. Mais il faut faire plus et vite. Le sommet s'est conclu sur une note d'espoir : le jatropha, une plante méconnue. Le jatropha produit des graines oléagineuses qui pourraient fort bien remplacer l'huile de palme ou le soja dans les pays du sud. De plus le jatropha n'est pas comestible et peut être cultivé sur des terres impropres aux autres cultures. Il permettrait aussi de lutter contre la désertification. La proposition a été apportée par un spécialiste du nom de Winfried Rissenbeek.

L'Indonésie prévoit en cultiver 1,5 million d'hectares en 2010. Pourquoi ne faisons-nous pas de même sur nos terres ingrates ? Et surtout, pourquoi ne consommons-nous pas de manière plus raisonnable ? L'électricité et l'hydrogène pourrait alors amplement subvenir à nos besoins, mais cela nécessiterait une modification importante de notre mode de vie.

Commentaires

bio-carbu

...et l'eau nécessaire pour faire pousser tout ça,hein?on la trouvera ou?

bio-carburant

Nos terres "ingrates" sont déjà utilisées par la vigne, l'élevage extensif (sans OGM), les forêts, les garrigues et maquis voire des landes, elles font partie des systèmes sylvo agro pastoral, et contribuent fortement à la biodiversité, l'intérêt de les mettre en culture pour produire des agro carburants (et non des bio carburants) est douteux ; la bonne solution ce sont les transports en commun et l'économie de l'énergie d'abord et surtout. Nous devons supprimer tout ce qui utilise les carburants à outrance : les embalages plastiques la pluspart du temps inutiles et que l'on nous vend sans que nous les ayons demandés, l'agriculture industrielle : tracteur angrais pesticides c'est toujours du pétrole et des agro carburants etc....la bagnole (surtout la grosse 4x4 si possible), n'est pas toujours indispensable.
La nouvelle plante miracle que certains proposent pour faire des agro carburants sur nos terres "ingrates", non !, c'est produire et consommer autrement qui est la seule solution possible, à mon avis.