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Le Cidre de Glace, notre grand cru à développer

La France est fière de ses vins AO, vins de pays et de qualité certifiée. L'Italie et l'Espagne le sont tout autant. Le Canada, l'Australie, l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, le Chili et l'Argentine, entre autres, misent davantage sur le cépage. Ce qui fait chuter les produits français. Il est difficile pour l'amateur de vin de distinguer un AO de Bordeaux et un merlot américain. Ceci dit, de plus en plus de pays désirent protéger leurs spécificités nationales voire régionales, ce qui est tout à fait normal. Ces deux types de marchés vont tranquillement définir quelle est leur clientèle et mieux se positionner sur le marché. AO et produit générique ont tous deux leur place sur les marchés.

Le Québec, qui n'avait aucune réglementation en matière d'AO et IGP jusqu'à cette année, va se doter d'une telle loi. De nombreux producteurs et gens d'affaires se plaignent de la lourdeur administrative à venir. C'est vrai, pour que son produit soit AO (Appellation d'origine) ou IGP (Indication géographique protégée), il y aura des contraintes. Ceci dit, un producteur d'agneaux de Charlevoix (une IGP en devenir à ce qu'on peut comprendre) ne serait pas obligé de se soumettre à ces contraintes. Mais il ne pourrait pas avoir l'IGP Agneau de Charlevoix. Jusqu'à présent ce sont les producteurs et gens d'affaires qui se sont appropriés ces appellations de façon unilatérale. Ce qui n'est pas souhaitable. Il pourrait y avoir autant d'ageau de Charlevoix qu'il y a de producteur tant les méthodes d'élevage peuvent différer.

Autre bel exemple d'AO en devenir, le cidre de glace du Québec. Il faudra, pour obtenir une telle appellation que les pommes soient récoltées gelées sur l'arbre et proviennent du Québec et que sais-je encore comme contraintes. C'est tant mieux. Certains producteurs cueillent des pommes en septembre, congèlent les pommes et, une fois gelées, les pressent et font un cidre de glace moins cher. Rien ne leur interdit une telle pratique puis de nommer ce produit «Cidre de glace». Pas plus que d'utiliser du jus de pomme concentré surgelé pour faire du cidre de glace. Il n'y a aucune réglementation, ils ont donc tout à fait le droit d'agir ainsi. Il va de soi qu'un véritable cidre de glace tel celui du domaine Pinacle souffre d'une telle concurrence. Pourtant il suffit de goûter un véritable cidre de glace pour en connaître toute la valeur. C'est véritablement un produit haut de gamme. Lorsque l'on considère cela, 80 pommes pour 375 ml on comprend mieux le prix et on le trouve raisonnable. Il faut donc le protéger et encourager son développement. Les meilleurs cidres de glace du Québec sont millésimés et issus d'une récolte de pommes gelées sur l'arbre, certains producteurs y incluent les variétés de pommes utilisées. Mais le prix n'est pas gage de qualité. L'obtention d'une AO le sera peu importe le prix. Ceux qui ne l'obtiendront pas marqueront autre chose: «Cidre fait de pommes congelées ou de jus surgelés». Ils seront sans doute moins cher et certains seront fort bons quand mêmes. Le consommateur et les gens d'affaires soucieux d'offrir un produit de qualité seront gagnants. Le consommateur exige de plus en plus ce genre de renseigements sur les produits qu'il achète. Le cidre de glace est un produit québécois qui deviendra reconnu sur toute la planète grâce à l'AO et l'IGP, plusieurs en sont convaincus.

La même chose pourra être faite avec les vins de l'Estrie et de la Côte de Beaupré. Nos vins ne sont pas extraordinaires, mais ils sont faits avec des cépages propres à nos régions. L'AO et l'IGP pourra leur être utile en autant que les prix ne montent pas trop car ils supportent mal la concurrence. Le Québec n'est pas un pays de vins, c'est le pays du cidre de glace et, anciennement, du sirop d'érable.

Le sirop d'érable tombe en désuétude car sa mise en marché est pitoyable et faite par des incompétents. Que faudrait-il faire? Produits millésimés, type d'érable etc. voilà la solution à long terme pour le relancer. Au lieu de cela le syndicat de producteurs de sirop d'érable accumule les surplus et nous refile souvent dans les supermarchés du vieux sirops datant de quelques années. Souvent il y a le nom du producteur, mais pas toujours. On ne sait pas depuis combien de temps le produit a été fait et il n'y a aucune date de péremption. Connaissez-vous beaucoup de produits aussi chers qui ne contiennent pas cette information de base? Mauvaise mise en marché et petite mafia inutile. Les producteurs seraient bien mieux servis par l'AO et l'IGP qu'offre la nouvelle loi. Mais ça c'est une autre histoire, à eux d'y voir.

C'est donc le cidre de glace qui a le plus de chance de bien représenter le Québec sur les marchés d'alimentation et d'alcool du monde entier. Il est donc important de réglementer sa mise en marché et, surtout, sa qualité. Beaucoup de nos produits y gagneront et les consommateurs s'y retrouveront mieux. L'AO et l'IGP seront gage de qualité et de la provenance du produit. À chaque AO et IGP de définir ses critères. La mise en application de cette loi sera à suivre de près dans les prochaines années, mais il faut s'en réjouir. Il y a fort longtemps que producteurs de produits du terroir et les consommateurs l'attendaient, la voici enfin.

En terminant, vous pouvez consulter l'article à ce sujet paru cette semaine sur La Vie rurale.

Commentaires

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le cidre c de la merde

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