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Françoise David et Sylvain Bouchard : deux bébés

Capitale-Nationale

Qu’est-ce qui retient l’attention des médias ces jours-ci? La crise économique, la Bande de Gaza, le sevrage d’Éric Lapointe? Non, ce qui retient l’attention c’est la guéguerre entre Mme Françoise Davis, leader de Québec Solidaire, et Sylvain Bouchard, un animateur radio de la Ville de Québec. Pourquoi? Rappel des faits.

Monsieur Bouchard a fait une histoire avec le fait que, dans un livre scolaire du cours « Éthique et culture religieuse » de secondaire 4, on retrouve une photo et un article sur Mme Françoise David. Les autres chefs de partis politiques du Québec n’ont pas eu cet honneur. Y voyant là une grande injustice (c’est discutable) et n’étant pas d’accord avec cela, l’animateur aurait pu en rester là. On connaissait son opinion, valable en soi et qui suscite la réflexion. Mais non, il a fallu qu’il lance un concours invitant les jeunes de secondaire 4 à déchirer et envoyer la page en question à la station pour courir la chance de gagner un jeu de Guitar Hero (version 3 ou 4, peu importe). Disons que c’est assez puéril. Le concours est terminé et un jeune s’amuse actuellement avec son jeu Guitar Hero. L’animateur a aussi qualifié Mme David d’être marxiste et une soviet en référence au fait que son parti, Québec Solidaire, est à gauche sur l’échiquier politique. Pas très habile ni très respectueux non plus, on s’entend, mais de là à dire qu’il s’agit de diffamation c’est trop fort.

Mme David voit en cet événement bénin une diffamation à son égard, une incitation au vandalisme, à la haine et, même, à la violence. Aucun qualificatif pour décrire le concours de Monsieur Bouchard n’est trop fort. Va-t-il poursuivre Mme David pour diffamation? Ceci dit, et c’est son droit absolu, une plainte a été déposée au CRTC en vertu de l’article 9 du code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs auquel est soumis le CJMF 93,3 où l’émission de Sylvain Bouchard est produite. Le diffuseur, devant tout ce brouhaha, s’est dit désolé d’avoir fait de la peine à Mme David mais refuse de s’excuser. Quant à Sylvain Bouchard, il fait du chemin là-dessus jouant à son tour le rôle de victime et de diffamé car on le traiterait de nazi, on le comparerait au tueur Marc Lépine au moment où sort le film Polytechnique etc. Pour ma part, je n’ai rien entendu de tel de qui que ce soit, mais bon, s’il le dit il a certainement des sources.

Mme David fait montre d’un manque complet du sens de l’État dans le cadre de sa plainte. Cette histoire, à mon avis, prend une importance qu’elle ne mérite pas. Ras-le-bol de faire des crises avec des riens au Québec.

Les deux camps devraient avouer leurs torts. Monsieur Bouchard devrait s’excuser d’avoir fait de la peine à Mme David en demandant à des jeunes de déchirer la page du manuel scolaire où un article lui est consacré. Il lui a fait de la peine, et je crois qu’elle est sincère en disant cela, alors quel mal y a-t-il à s’excuser devant ce fait? Quant à Mme David, ce genre de broutille devrait lui passer cent pieds par-dessus la tête. Pourtant, ça la dérange beaucoup. Pourquoi? Parce que peut-être, la place de Mme David au sein de ce recueil n’est pas si innocente que cela finalement et que c’est très bon pour l’image de la chef pour des jeunes qui pourront voter aux prochaines élections provinciales.

Il est de notoriété publique que Mme David est proche du Syndicat de la fonction publique du Québec. Tellement proche, qu’elle a été la seule chef de parti politique au Québec à participer activement, à titre d’invitée spéciale, aux ateliers du Congrès l’État que nous voulons, organisé par le Syndicat de la fonction publique du Québec, le 14 juin 2007 à Québec : http://www.la-vie-rurale.ca/Articles/Economie/L-Etat-que-nous-voulons-un-colloque-necessaire-organise-par-le-syndicat-de-la-fonction-publique-du-Quebec . Pour les deux autres jours du congrès je ne peux dire si elle était là car je n’ai pas assisté aux ateliers du 15 et 16 juin. Je ne dis pas que les deux événements sont reliés, mais avouez que la coïncidence est troublante. Assez troublante pour avoir remarqué une certaine similitude entre l’événement et la publication. Je m’explique :

Mme David est la seule chef de parti politique à avoir participé, à titre d’invitée politique, à ce congrès important, et, à peine un an plus tard, elle est la seule chef de parti politique à être mentionnée dans le manuel scolaire mentionné ci-haut. Osons croire qu’il n’y a aucun lien entre ces deux situations qui sont autant de privilèges et honneurs pour l’activiste et la politicienne. Privilèges et honneurs que n’ont pas reçus les autres chefs de partis provinciaux. Ça, je crois que ça mérite d’être souligné qu’on soit d’accord ou pas avec la rubrique consacrée à Mme David dans le manuel scolaire.

Si lien il y avait entre le congrès et la publication, cela serait éthiquement aussi discutable que le concours de déchirage de page du FM 93. Est-ce que cela mériterait une plainte à une quelconque instance? Non. Pas du tout. On peut être en désaccord avec la présence de Mme David à un congrès de la fonction publique ou sa place dans un manuel scolaire, mais j’espère que personne ne portera plainte pour ça.

Pour résumer les faits, la place de Mme David dans ce manuel est discutable même si on y décrit surtout sa lutte pour les droits des femmes et l’égalité sociale. On mentionne aussi qu’elle continue sa lutte sur le plan politique, désormais. Mme Marois, chef du Parti Québécois, a aussi beaucoup fait pour faire avancer la cause des femmes. Pourtant, elle n’est pas mentionnée dans ce manuel scolaire. Sylvain Bouchard avait le devoir d’en parler mais il a monté ça en épingle pour faire réagir les gens. C’est réussi, au-delà de toute espérance, dirait-on.

Mme David et Monsieur Bouchard se ressemblent beaucoup. Ils sont forts en gueule, dégagent une image de paranoïaque et de victime, et se font la guerre par médias interposés et via le CRTC. Assez c’est assez. Mme David et Monsieur Bouchard, reconnaissez que vous êtes allés trop loin dans ce conflit. Prenez une bière ensemble, serrez-vous la main, excusez-vous s’il le faut et passez à autre chose. Si vous persistez à vous faire la guéguerre, vous allez perdre votre temps en poursuites stériles et en appuis. Personne ne veut se voir associé à de grands enfants gâtés qui pleurnichent jusqu’à ce qu’ils aient ce qu’ils veulent. Il y a bien des sujets et des causes autrement plus importantes qui méritent toute votre attention et vos énergies Mme David et Monsieur Bouchard.

Commentaires

L'état vandalisé

M. Bouchard n'a pas fait de la pei-peine à Mme David en demandant à des élèves de 4e secondaire de déchirer une page de leur manuel scolaire. Ce qu'il a fait c'est inciter des jeunes au vandalisme. Les livres scolaires sont la propriété de l'état. Dans un Québec où les gens se respecteraient, on serait en droit de s'attendre à ce que les directeurs d'écoles sanctionnent les jeunes à qui il manque une page dans leur livre et que le ministère de l'éducation exige que M. Bouchard remplace tous les livres vandalisés à ses frais.

Incitation au vandalisme

Ici il y un coupable, le petit animateur de radio de Québec, bien connu pour son contenu poubelle, qui directement, incite les jeunes a vandaliser des manuels scolaire sous prétexte qu'il ne partage pas les opinions de madame.
Il est là le problème.

le livre en question

Mme Tremblay,
Si le livre est payé par l'étudiant, il appartient à l'étudiant non? L'état est plutôt l'éditeur de l'ouvrage. Je crois que la précision est importante ici. Si Fides publie un livre, il appartient à l'acheteur qui en fait bien ce qu'il veut sauf le plagier, le copier ou en faire des reprographies pour donner ou vendre.

Alors si le propriétaire du livre veut dessiner dedans, enlever une page ou plus, voire s'en servir comme papier d'allumage dans son poêle à bois, bien libre à lui.

Ceci étant dit, là où je suis d'accord avec vous, c'est que ce concours était stupide et inutile. Quant à l'animateur disons qu'il flirte avec la radio-poubelle et l'ancien auditoire de Jeff Fillion même s'il s'en défend.

Cahier d'activités ECR partial et pro-féminisme

«M. Bouchard n'a pas fait de la pei-peine à Mme David en demandant à des élèves de 4e secondaire de déchirer une page de leur manuel scolaire. Ce qu'il a fait c'est inciter des jeunes au vandalisme. Les livres scolaires sont la propriété de l'état.»

Bin non, il s'agit d'un cahier d'exercice. Quand l'élève écrit dedans (il doit y consigner des réponses), c'est du vandalisme ? Quand il détache une page (elles sont en détachables) du cahier c'est du vandalisme ?

Pour ce qui est des comparaisons osées « Polytechnique », « nazi », etc. Elles ont bien été faites, voir : http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2009/02/pour-m-me-david-ce-carnet-est-celui.html (il y a un lien vers l'émission où M. Dutrizac reçoit Mme David en prenant visiblement parti pour elle).

Enfin, sur le fond, est-ce que ce cours d'éthique et de culture religieuse va encore servir de prétexte pour endoctriner un peu plus tous les élèves du Québec ? Comment ce cahier peut-il consacrer 28 pages au féminisme et à peine plus sur les religions du monde (et les sorcières du wiccan et raël en passant) alors que la composante « culture religieuse » est une partie importante du programme, mais pas le féminisme !

Enfin que dire de ces 28 pages qui sont biaisées et ne donnent que le son de cloche traditionnel des féministes, sans aucune mise en perspective ?

Voir : http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2009/02/supplement-ecr-idees-fausses-sur-les.html

Bébé journalisme

Avant d'insinuer toutes sortes d'inepties dans une opinion publiée avec le moindre de sérieux, on vérifie les faits sur lesquels on s'appuie. C'est ce qu'on attend d'un travail journalistique minimalement rigoureux.

Tout d'abord, le manuel scolaire dont il est question ici est édité par une entreprise privée, et non par l'État. Il s'agit des Éditions La Pensée inc., compagnie membre du Groupe Guérin. On est loin d'une entreprise contrôlée par le Syndicat de la fonction publique du Québec.

Par ailleurs, qui est membre du SFPQ? Le savez-vous? Les professionnels du ministère de l'Éducation, s'ils ont quelque influence sur le contenu des manuels scolaires édités par le privé, ne sont même pas membres du SFPQ. Ils sont plutôt couverts par l'accréditation du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Enfin, quant au fait que madame David figure dans le manuel scolaire, avez-vous seulement lu la page en question avant d'écrire votre chronique? Est-il question de Quebec solidaire? L'apport de madame David aux revendications pour l'égalité des femmes au Québec n'a aucune commune mesure avec celui d'aucun chef ou d'aucune cheffe de parti, ni au Québec, ni au Canada. Connaissez-vous l'engagement de madame David avant qu'elle ne s'implique en politique?

À mon sens, on s'attend du travail journalistique qu'il renseigne les lecteurs. On s'attend à ce que ce travail de recherche soit rigoureux et nourrisse la réflexion. On s'attend à mieux que du bébé-journalisme.

enquête

J'ai bien précisé dans l'article que je n'ai pas envie d'enquêter sur le sujet.
L'article parle du conflit entre Monsieur Bouchard et Mme David, conflit qui, à mon sens va trop loin. C'est de ça dont je parle. pourquoi ferais-je du journalisme d'enquête à ce sujet?

Si je trouve que ça va déjà trop loin, pourquoi irais-je enquêter et creuser encore? Ceci dit, les informations que vous apportez sont intéressantes mais ne changent en rien mon opinion sur l'affaire et le contenu de l'article.

La nécessaire neutralité journalistique

Insinuer que Mme David a des passe-droits parce qu'elle est en contacte avec le mouvement syndical ou parce qu'elle en partage les idées est totalement erronné et est exactement l'argumentaire tendencieux et faux que M. Bouchard a servi à ses auditeurs pour justifier son concours de vandalisme.

Aucun syndicat n'a de droit de regard sur les manuels scolaires qui sont édités par des entreprises privées. Les fonctionnaires du ministère de l'éducation n'ont pas le droit de censurer les auteurs. Ils ne font que vérifier que les manuels scolaires sont conformes au projet pédagogique du cours.

Quand vous insinuez que Mme David est dans le manuel scolaire et au congrès du SFPQ parce qu'elle est amie des syndicats, vous utilisez le même argument que M. Bouchard qui dit que Mme David est dans le manuel scolaire parce que les professeurs du secondaire veulent faire de la propagande communiste et syndicaliste auprès de nos enfants. Cette insinuation est erronnée et illogique.

je me cite

Je me cite : Je ne dis pas que les deux événements sont reliés, mais avouez que la coïncidence est troublante. Assez troublante pour avoir remarqué une certaine similitude entre l’événement et la publication.

C'est tout ce que j'ai à vous répondre.