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Régis Labeaume a une crotte sur le cœur

Capitale-Nationale

Rivière Saint-Charles à la hauteur de Limoilou

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Gilbert Bochenek sur Wikipedia

En lisant les journaux et les articles d’agences de presse ce matin, oh surprise, on apprend que Régis Labeaume a une crotte sur le cœur. Et il y a de quoi! «C’est normal, les maires, ils veulent des taxes. Excusez-moi, mais on n’échangera pas des taxes contre des crottes qui descendent dans la prise d’eau.» a déclaré le coloré maire de Québec vendredi après-midi. Mais de quoi parle-t-on ici? De merde, tout simplement. Des représentants de la MRC de la Jacques-Cartier venaient d’affirmer qu’ils allaient sans doute refuser d’imposer un moratoire sur les constructions dans les bassins versants de la Couronne nord de Québec. Cela veut dire clairement que le développement peut se poursuivre avec les systèmes de fosses sceptiques et non des raccordements à des égouts municipaux. Le maire en a assez des fosses sceptiques qui ne sont pas toutes conformes et qui teintent en brun la rivière Saint-Charles. «Est-ce que moi, je peux prendre une chance d’avoir la merde qui descende plus qu’elle descend là?» s’interroge Régis Labeaume.

La Ville de Québec envisage même des recours devant les tribunaux si jamais les municipalités suivantes continuent à nier le problème, car déni il y a : Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Fossambault-sur-le-Lac, Lac-Saint-Joseph, Shannon, Saint-Gabriel-de-Valcartier, Lac-Delage, Stoneham-et-Tewkesbury, Lac-Beauport et Sainte-Brigitte-de-Laval. Régis Labeaume s’appuie sur deux études : une commandée par l’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord (APPEL) et une réalisée par Roche à la demande de la Communauté métropolitaine de Québec. Les conclusions sont claires : ces municipalités contribuent à polluer les cours d’eau faute d’un réseau d’égouts municipaux adéquats. Une situation très fréquente au Québec soit dit en passant.

Personne n’est contre le développement de ces municipalités de la couronne nord. Jusqu’à 4900 logements, sur un total possible de 6150 sur l’ensemble du territoire, peuvent être construits dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles. Sauf qu’il y a déjà, selon le maire, 7000 fosses sceptiques sur le bassin versant de la rivière Saint-Charles. C’est déjà trop, il n’en veut plus une seule. Il a une crotte sur le cœur qu’on vous dit! «Ce qu’on ne veut pas, c’est que la merde descende d’en haut jusqu’à la prise d’eau, est-ce clair?» ne décolère pas le maire Labeaume. Un vote sur cette question merdique va se tenir à Québec mercredi le 9 juin.

Pour être allé me promener sur le bord de la Saint-Charles cette semaine près de son embouchure, je peux confirmer que c’est brun opaque. Dégueulasse. À qui la faute? Aux 7000 fosses sceptiques sur le bassin versant de la Saint-Charles? Entre vous et moi, ça ne doit pas aider. La volonté de voir les nouveaux développements raccordés sur des égouts municipaux afin de protéger le lac Saint-Charles et la rivière Saint-Charles semble très légitime. Le lac Saint-Charles, c’est la source d’eau potable de Québec soit dit en passant. Toute la question de la responsabilité des municipalités et des particuliers à propos des bassins versants est une question sensible et d’actualité. Le phénomène des algues bleues des dernières années y a contribué. Avec un printemps très sec et des cours d’eau passablement étiolé, par manque de précipitations et par une pollution importante, gageons que ce phénomène pourrait prendre de l’ampleur cet été et exacerber la problématique soulevée par Régis Labeaume.

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