Refiler la facture de sa mauvaise gestion aux citoyens
Opinion du citadin
Raymond Bachand, ministre des Finances
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Sous prétexte que les citoyens ont exigé qu’on ne touche pas aux services, le gouvernement Charest refile purement et simplement la facture aux citoyens. C’est une façon de faire qui se défend, en autant que notre gestion soit saine et crédible. Or, ce n’est pas du tout le cas avec le gouvernement de Jean Charest qui cumule les dossiers controversés : monde de la construction et des infrastructures miné, domaine de la santé et de l’éducation croulants sous des structures administratives trop lourdes, dépenses publiques controversées, primes pour haut fonctionnaires etc. Et c’est le gagne petit qui va payer pour la mauvaise gestion? C’est ça qui choque les gens. Les citoyens sont bien prêts à payer plus pour garder leur service, mais en autant que le gouvernement fasse sa part. Or, même si ce dernier s’engage, jusqu’à présent, il n’a pas donné l’exemple qu’il était apte à gérer de façon serrée. On a qu’à penser au nombre de voyages du premier ministre depuis un an pour se dire qu’on a un drôle de messager pour nous dire de nous serrer la ceinture. On a qu’à penser aussi au fait que l’actuel ministre des finances a déjà été président-directeur-général du Fonds de solidarité de la FTQ. Ça n’a rien à voir avec la FTQ construction et la controverse qui fait rage actuellement dans le milieu direz-vous? Effectivement, ça n’a rien à voir, mais c’est un lien direct avec la FTQ dont fait partie la FTQ construction. Voir à ce sujet : http://www.facebook.com/pages/Raymond-Bachand/33463127698 On parle ici d’image et de crédibilité. Pourquoi paie-t-on plus cher pour nos routes et infrastructures au Québec que dans les autres provinces canadiennes sans aucune justification pour expliquer cela? Même un ancien président-directeur-génréal du Fonds de solidarité de la FTQ ne peut nous expliquer cela. Qui alors sinon une commission d’enquête?
D’ailleurs, un sondage éclair fait par Léger Marketing pour le compte du réseau Argent et l’Agence QMI révlèle que 74% des Québécois sont insatisfaits du budget déposé par le ministre des Finances Raymond Bachand.
Lorsqu’on ventile un peu les résultats, c’est encore pire. En effet, 78% des répondants sont en désaccord avec la hausse annuelle de l’électricité de 3,7% à partir de 2014 et 76% sont contre l’imposition de la fameuse taxe santé de 200$ par adulte en 2012. Triste nouvelle pour les jeunes, 58% des répondants sont en faveur d’une augmentation des droits de scolarité en 2012.
D’autres précisions font encore plus mal au gouvernement. Prenez note qu’un Québécois sur deux pense qu’il faut payer d’avantage pour diminuer notre déficit, donc contribuer directement via nos impôts, taxes ou autres comme le propose le présent budget. Le hic, c’est que 82% des Québécois estime que le gouvernement Charest est inapte à assumer les deux tiers de l’effort nécessaire à l’atteinte du déficit zéro en réduisant ses dépenses de 7 milliards d’ici 2013-2014. Surtout pas avec des élections à l’horizon 2012-2013.
Le gouvernement Charest n’est plus crédible aux yeux de la population et ce même s’il a les deux mains sur le gouvernail du pouvoir. Pire, 77% des Québécois estiment que le budget du Québec 2010-2011 favorise les riches et défavorise à classe moyenne.
Les contribuables se demandent clairement pourquoi payer davantage si on ne s’attaque pas aux problèmes chroniques de bureaucratie trop lourde, d’organisation du travail chaotique et de dépenses pharaoniques sans contrôle.
Le présent budget ne s’attaque pas à ça. Il s’attaque aux dépenses qui augmentent, donc il faut augmenter la charge des contribuables. Un couple ayant des revenus de 60 000$ par année et ayant deux enfants va donc payer 1000$ de plus par année. Charles Tanguay, porte-parole de l’Union des consommateurs, interrogé par le réseau Argent, estiment même que le budget actuel est une menace pour la cohésion sociale du Québec. Faut quand même un peu se méfier de telles déclarations faites à l’emporte-pièce sous le coup de l’émotion. Disons que la timide relance économique actuelle pourrait être stoppée dans son élan par un pouvoir d’achat légèrement moindre des citoyens. Pour ce qui est de la cohésion sociale, je crois bien qu’elle n’est pas en péril. Toutefois, le gouvernement ne semble pas à l’abri de manifestations monstres relativement viriles contre son budget.
Le sondage de Léger Marketing a été mené après de 645 Québécois le 31 mars 2010 sur le Web. La marge d’erreur serait de 4%. Les citoyens ne veulent pas qu’on touche aux services, lire ici surtout la santé et l’éducation, mais semblent prêts à une réduction des dépenses de la manière suivante :
- 63% des répondants sont d’accord pour un gel de la masse salariale de la fonction publique. J’imagine qu’on inclut les politiciens dans le lot. Je doute fort que les élus voudront débattre d’une telle proposition avec les employés de l’état.
- 72% des répondants sont d’accord avec une politique de réduction du nombre d’employés dans la fonction publique. Touchez pas à nos services, mais coupez du bois mort et les structures trop lourdes, le message semble évident.
- 80% des répondants sont d’accord avec la fusion ou l’abolition pure et simple de près de 30 organismes.
- 91% des répondants sont d’accord avec une réduction de 25% des coûts de publicité, de formation et de déplacement.
Voilà le genre de mesures qui aurait pu être mis dans le budget plutôt que de le retrouver dans un sondage d’opinion. La pilule aurait mieux passée après. Là, on a plutôt un budget où on semble refiler aux payeurs de taxes le prix de sa mauvaise gestion. Côté crédibilité ça fait mal et cela pourrait miner, à long terme, la pérennité de ce gouvernement. C’est dommage, car Raymond Bachand et le premier ministre Jean Charest sont de bons politiciens et peuvent faire mieux. Ce budget semble une erreur stratégique qui est le fruit d’une mauvaise lecture de ce que veulent les Québécois en termes de maintien de services.