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Le bureau du DGE : une commission d’enquête à lui tout seul

Opinion du citadin

Jean Charest refuse de faire une commission d’enquête sur la collusion entre le milieu de la construction et le politique, il refuse d’en faire une sur le financement des partis politique. Soit, pas de problème légalement parlant, c’est son droit de ne pas en faire. Le problème, c’est que le DGE du Québec, lui, est en train d’en faire une à lui tout seul. Quatre circonscriptions de ministres libéraux sont sous enquête actuellement. Je ne sais pas si c’est du jamais vu, mais c’est du très mal vu.

Est-ce que quelqu’un s’étonne de cela? Pas vraiment. Julie Boulet, ministre des transports avait elle-même fait la gaffe d’affirmer en février dernier qu’il était légal que des entreprises fassent des dons aux partis politiques. Le hic, c’est que c’est illégal de faire ça au Québec. Plutôt que des faires des vérifications aléatoires, aussi bien commencer par quelqu’un qui avoue quasiment enfreindre la loi en matière de financement de partis politiques. La ministre se dit surprise car tous ses documents étaient en règles et qu’elle avait même reçu à cet égard des félicitations du bureau du DGE. «Il est clair pour nous que le point d'origine de notre enquête sont des éléments découverts dans le cadre de notre vérification des rapports 2008 et 2009 de l'association de Laviolette», a indiqué mercredi Cynthia Gagnon, porte-parole du DGE interrogée par La Presse. Il est important de souligner que la ministre elle-même ne fait pas partie d’une enquête. Julie Boulet n’a donc pas l’intention de quitter le conseil des ministres comme le lui suggère Pauline Marois chef du Parti Québécois (PQ). Deux autres ministres qui ont commis des lapsus disant à peu près les mêmes choses que Julie Boulet voient leur circonscription sous enquête par le DGE. Il s’agit du ministre délégué aux transports, Norm MacMillan et la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne. «Trois lapsus en ligne, ça commence à faire pas mal» a affirmé Pauline Marois à La Presse. Elle n’a pas tort. N’oubliez pas que chaque ministre libéral devait, pour mériter son titre, recueillir annuellement pour 100 000$ de dons, a-t-elle rappelé aux journalistes aujourd’hui. Pas facile ça, surtout si cela doit être des dons de gens complètement désintéressé. Au fait, comment parvenir à faire ça? Je ne vois pas. Pour ma part, personnellement, à titre de citoyen, je n’ai pas envie de donner un seul sous à quelque formation politique que ce soit sauf si, bien sur… ça devait me rapporter quelque chose : contrats, reconnaissance, etc. Avouons-le tous bien franchement! Sinon, quel intérêt!

Ça commence vraiment à sentir le roussi pour les libéraux. Les transports et l’éducation, ce sont deux ministères qui cumulent beaucoup de contrats de construction et de rénovations (pensons à toutes ces écoles qui tombent en ruine et qui devront être rénovées). S’il y avait commission d’enquête sur la construction, on peut imaginer que ces deux ministères auraient à collaborer. Bon, j’ai parlé de quatre ministres en ouverture d’article et qui est le quatrième dont la circonscription est sous enquête par le DGE?

C’est Tony Tomassi, ex-ministre de la famille depuis quelques heures, qui doit commencer à avoir chaud. C’est que La Presse aurait révélé aujourd’hui que le patron de l’agence de sécurité BCIA, Luigi Coretti, aurait utilisé ses cadres pour offrir des milliers de dollars au PLQ afin de donner un coup de main à son ami Tony Tomassi. Ce dernier aurait utilisé une carte de crédit de l’agence de sécurité BCIA alors qu’il était député.

«Le DGE va faire des vérifications sur les allégations qui ont été publiées pour vérifier s'il y a matière à enquête», a affirmé une porte-parole, Cynthia Gagnon. Ce qui est préoccupant, c’est que des cadres pourraient avoir servi de prête-noms. Le don d’entreprise est interdit, que tous les cadres de la boîte donnent en leur nom personnel et soient remboursés après. Méthode connue mais rarement prouvé. Sur ces allégations donc, le DGE va essayer de voir s’il y a matière à prouver ces allégations ou pas. Ça fait beaucoup pour Tony Tomassi. Trop même, puisqu’il n’est même plus dans le caucus libéral. Voici ce que Monsieur Tomassi disait avant d’être démis de ses fonctions «Je suis un ami de M. Coretti comme j'ai beaucoup d'autres amis au sein de la communauté italienne», a-t-il affirmé à La Presse. «Le DGE va venir. Laissons le travail au DGE» a-t-il poursuivi juste avant de savoir qu’il perdait son poste de ministre. Il s’agirait, selon Cynthia Gagnon, d’une procédure normale de vérification comptable. Il semble que c’est beaucoup plus que ça puisque Jean Charest aurait lui-même fait appel à la Sûreté du Québec pour enquêter sur les allégations d’utilisation d’une carte de crédit d’entreprise.

Du côté du DGE, oui, ce sont des vérifications normales mais qui ne sont pas faites au hasard me semble-t-il. Elles sont faites dans des circonscriptions représentées par des ministres, ex-ministre ou ministre délégués qui sont sous le feu nourri de l’opposition et des médias depuis un certains temps. Et ils ne le sont pas là pour rien. Leurs propos, leurs agissements ou leurs fréquentations laissent à penser qu’eux ou leur entourage politique n’ont pas toujours suivi les règles et les lois. Comment ensuite demander aux simples citoyens de respecter les lois?

Il n’y a pas de commissions d’enquête sur le financement des partis politiques au Québec. Soit, Jean Charest et le Parti libéral n’en veulent pas. Le DGE est en train d’en faire une à lui tout seul à leur place. Les contributions de 20 donateurs, surtout du Parti Libéral du Québec, et représentant quatre firmes de génie-conseil, sont également passées au peigne fin afin de savoir si la loi a été respectée.

Ça sent la fin de règne. Jean Charest devrait se chercher un poste d’ambassadeur loin d’ici le plus tôt possible avant que son château de cartes libérales ne s’effondre. Au Danemark, tiens, pourquoi pas. Parions que le Parti Québécois, pour l’instant à l’abri des scandales, ne lâchera pas prise. Il reste bien trop de temps à son goût d’ici le déclanchement des prochaines élections. Il suffirait de quelques transfuges vers le PQ pour que ce gouvernement tombe. C’est ce qui pourrait arriver de mieux pour toute la classe politique du Québec. En fait, le parti libéral, tant provincial que fédéral, c’est la vieille façon de faire de la politique. Il est temps de passer à autre chose.

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