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Jean Charest est dans les câbles

Opinion du citadin

Jean Charest

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http://www.assnat.qc.ca

Pour reprendre une image appartenant à la boxe, Jean Charest est actuellement dans les câbles. Il s’y retrouve pas son refus de déclencher une commission d’enquête sur les liens entre le monde de la construction et le monde politique. La population, la police, les procureurs de la couronne et, bien sûr, l’opposition, exigent une commission d’enquête. On est un peu tanné de payer, collectivement, plus que les autres pour la même chose et en obtenant, en prime, moins de qualité. Seul appui pour Jean Charest, la FTQ-Construction dont la crédibilité en matière d’honnêteté est, allez savoir pourquoi, au plus bas. La FTQ-Construction estime qu’une commission d’enquête serait inutile.

Pourquoi Jean Charest et son ministre Jacques Dupuis s’entêtent-ils à ne pas faire de commission d’enquête. Pourtant, ce gouvernement n’en est pas à une commission près. On se rappellera la très utile Commission Bouchard-Taylor qui n’a rien donné à part vider un peu plus les coffres de l’État. Pour une fois que la population, la police et la justice s’entendent pour une vraie commission qui pourrait, elle, être utile, voilà que Jean Charest recule et met en place l’opération Marteau. Laissons la police faire son travail. Mais la police estime qu’une commission d’enquête est nécessaire. C’est son travail de nous dire ce qui serait préférable en la matière. Le système de justice affirme la même chose. Ok, laissons la police faire son enquête, mais ne peut-on pas la faire cette commission d’enquête qui mettrait à jour certaines pratiques connues de tous et qui font qu’une route, un pont ou une bâtiment ça coûte toujours plus cher ici qu’en Ontario?

J’aimerais ça moi, savoir le pourquoi de ces prix qui défient toute concurrence par le haut. Quand Richard Goyette, directeur général de la FTQ-Construction, dit «on ne peut pas faire entendre les témoins qu'on veut... On ne peut pas déposer la preuve et les expertises qu'on veut. C'est un cirque!» il semble confondre colloque organisé par la FTQ et commission d’enquête. C’est certain que pour ce qui est du contrôle de l’image, c’est moins évident une commission d’enquête, mais tellement plus utile. C’est vrai, c’est un peu le cirque parfois, mais c’est un cirque utile.

Jean Charest peut décider qu’il n’y aura pas de commission d’enquête même si tous les Québécois en veulent une. Mais qu’il arrête de justifier sa décision de ne pas en faire. Ce n’est pas justifiable. Il est dans les câbles, il n’a qu’à encaisser les coups et se protéger la tête du mieux qu’il peut. Ce n’est plus le temps de jouer à découvert puisque, semble-t-il, il serait préférable, pour le gouvernement en place, qu’il n’y ait pas de commission d’enquête. En effet, et ça tout le monde en est désormais convaincu, s’il n’y a pas de commission d’enquête, c’est parce que le gouvernement Charest n’a surtout pas intérêt à ce qu’il y en ait une.

On imagine que Julie Boulet, David Whissell, les présidents des grandes centrales syndicales et d’autres élus pourraient être dans l’embarras dans une telle commission d’enquête. L’image, c’est aujourd’hui le nerf de la guerre. Qu'on soit coupable de quelque chose ou pas, lorsque l'image est atteinte, c'est mortel en politique. Jean Charest doit gagner du temps en espérant que la poussière retombe et que tout ça tombe un peu dans l’oublie.

Le problème, c’est que cette fois les gens ne sont pas trop près à oublier. Le Québec est dans le rouge, les impôts et taxes montent, la crise économique frappe bien des travailleurs et plus personne n’a envie de payer plus cher qu’ailleurs pour un produit de moindre qualité. Le gouvernement doit trouver des réponses à ça et c’est par une commission d’enquête qu’il y parviendra vraiment.

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