Clotaire Rapaille, un investissement payant pour Québec
Opinion
Le maire de Québec, Régis Labeaume, a payé 300 000$ pour les services de Clotaire Rapaille, afin de doter la Ville de Québec d’une image de marque, un peu comme I love NY. Depuis, les critiques fusent de toutes parts à propos de ce contrat. Clotaire Rapaille a reçu plus de qualificatifs à connotations négatives que positives, beaucoup estiment que le maire s’est fait rouler, et qu’on a jeté notre argent par les fenêtres. Imperturbable, le Français, domicilié aux Etats-Unis, continue à chercher le « code de Québec » à l’aide d’une théorie de son cru alliant la psychanalyse, le marketing et… j’en sais fichtre rien. Désolé de ne pas être plus précis sur sa méthode, je n’ai pas lu son livre et n’ai pas eu le temps d’aller à sa rencontre lors de l’atelier donné pour les médias. J’aurais bien aimé, ceci dit, histoire de connaître le personnage. Car, quoi qu’on en dise, ce contrat a jusqu’à présent été très payant pour la Ville de Québec.
Payant au-delà de toutes attentes, il ne resterait plus qu’à en mesurer les retombées. Mais, au niveau de la couverture médiatique, c’est extraordinaire pour Québec. Un placement de 300 000$ dans les médias n’aurait jamais, je dis bien jamais, eu autant d’impact pour Québec. Peu importe la valeur de la théorie Rapaille, et même si ce n’était qu’une supercherie totale, le bonhomme rapporte actuellement beaucoup en visibilité pour Québec. Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en. Et comptez sur Clotaire pour relancer un petit scandale avec une déclaration incendiaire sur un ton suave et convaincant si jamais les médias détournent trop longtemps le regard sur ses belles lunettes fumées.
Car elle est là la méthode Rapaille, qui a soit disant vécu sa tendre enfance durant la seconde guerre mondiale sur les airs de Félix Leclerc à une époque où ce dernier n’avait pas encore sorti son premier disque (1950) : confusion sur les dates, déclarations polies mais incendiaires, théâtralité, excentricité, vendeur et excellent communicateur. Le genre de gars qui vendrait des frigos aux eskimos…
Mais avec un plus : il suscite l’attention des médias et, par le fait même, de la population. Peu importe le résultat de l’exercice, et je me doute bien que le Code Québec ne donnera pas grand-chose en tant que tel, ça fait jaser, ça fait vendre de la copie et c’est très payant en termes de visibilité pour Québec. Seulement 300 000$ que ça coûte et voyez comment on en parle depuis la toute première fois où le maire Régis Labeaume a mentionné le nom de Rapaille, c’est tout bonnement incroyable. Personnellement, je ne m’attendais pas à ça. Il est plus difficile de trouver quelqu’un au Québec qui ne connaît pas Clotaire Rapaille que l’inverse. Et qu’est-ce que fait Clotaire Rapaille? Il ne fait que parler de Québec et de la découverte du code de Québec. Trouvez-moi une agence publicitaire traditionnelle qui aurait pu faire autant parler de Québec. N’en déplaise à Monsieur Cossette et tous nos grands communicateurs, prenez des notes.
Et nous, les journalistes, et même Infoman sur Radio-Canada, qui a découvert l’erreur sur Félix Leclerc lors de la conférence du 3 février devant les médias, sommes la courroie de transmission du désormais célèbre Français.
Ce n’est pas beau ça? Et combien ça vaut toute cette exposition médiatique depuis des mois? Beaucoup plus que 300 000$. Même si le maire Labeaume se retrouve avec un torchon inutilisable à la fin du contrat, il aura réussi le coup fumant de donner à Québec pour des millions de dollars en visibilité et ce pour la modique somme de vous savez combien.
Quand à la méthode Rapaille, je ne la décortiquerai pas pour vous sur ce site puisque presque tous mes collègues journalistes l’ont déjà fait et que, personnellement, je n’y pige que dalle. Si ça vous intéresse, allez lire le site de Monsieur Rapaille : http://www.rapailleinstitute.com/ c’est encore plus précis que tout ce que vous lirez dans les médias. Amusez-vous avec cette lecture et souriez. Cet expert en marketing qui gagne très bien sa croûte en vendant des idées, des codes, est payant pour la ville. Je suis même certain qu’il aurait pu demander 400 00$ voire 500 000$. Mais, connaissant la mentalité québécoise et son rapport d’envie et de culpabilité face à l’argent, Clotaire Rapaille a peut-être été avisé de demander ce 300 000$ qui, malgré tout, fait tant jaser.
p.s. : Je remarque que j’ai utilisé quelques expressions très françaises dans cet article, sans doute que la méthode Rapaille y est pour quelque chose ;+)
En date du 28 mars, l'image de Clotaire Raipaille en prend pour son rhume avec cet article du journal Le Soleil : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/quebec-et-son-image/201003/27/01-4264884-clotaire-rapaille-decrypte-un-homme-et-sa-legende.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4265096_article_POS5