Les algues bleues au Québec vues de la France
Environnement
Il est toujours intéressant de se voir à travers le regard de l’autre. L’Agence France Presse (AFP) a publié un article sur le problème des algues bleues au Québec. Un très bon résumé de la situation.
Le titre est Canada : Le Québec, paradis des lacs, gagné par les algues bleu-vert.
On y explique les causes de la prolifération de ce phénomène dans des lacs jusqu’à tout récemment propres : déboisement des rives, construction de résidences secondaires, engrais et fertilisants, etc. Ces causes accélèrent la dégradation des lacs. Certains sont contaminés par des algues potentiellement toxiques.
On estime à un demi-million le nombre de lacs au Québec, sur ce nombre, 72 sont contaminés cet été. Un record, c’est trois fois plus qu’à la même date en 2006. Il s’agit de lacs où la présence humaine et/ou agricole est forte. "Depuis deux semaines, on fournit de l'eau pour la consommation et la cuisson à nos résidents. Au début, c'était de l'eau embouteillée mais depuis la semaine dernière c'est par camion-citerne", explique Arthur Fauteux, maire de Cowansville, une municipalité de 12.500 habitants à une centaine de kilomètres au sud-est de Montréal à l’AFP.
Je connais bien ce plan d’eau à Cowansville pour y avoir pêché souvent dans le passé. C’est un renflement de la rivière Yamaska. Cette année, ce ne serait pas possible d’y pêcher à cause de cette pollution.
Les algues bleu-vert croissent grâce au phosphore qu’on retrouve rarement dans les milieux aquatiques naturels. Le déboisement et l’épandage de fertilisant sur les bassins versants font en sorte que ce phosphore est devenu de plus en plus disponible au fil des ans. Tourisme et immobilier font les frais de cette problématique. Aux endroits infectés, le tourisme s’effondre et la valeur des propriétés baisse. "C'est sûr que les gens ici pensent à ça. Ça fait partie des incitatifs pour modifier certains comportements" et réintroduire la nature sur les rives, dit O'Donnell Bédard, maire de Lac-Saint-Joseph (30 min de Québec), à l’AFP.
Certains scientifiques estiment important de préciser que le Québec n’est pas plus affecté qu’ailleurs par ce phénomène : "Le Québec n'est pas plus touché que d'autres régions du monde", affirme David Bird, spécialiste des cyanobactéries à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). "Ces mises en garde sont dues à la prise de conscience au niveau mondial des risques réels associés aux cyanobactéries toxiques, à la suite de la mort de gens à Caruaru au Brésil...", a-t-il rappelé à l'AFP. C’était en 1996 et environ une cinquantaine de personnes étaient décédées dans un centre d’hémodyalise au Brésil après utilisation par intraveineuse d’une eau contaminée aux cyanobactéries.
Le portrait de l’AFP est donc complet, bien résumé et vu avec assez de distance pour faire, contrairement à nous qui avons le nez collé sur le problème, un portrait d’ensemble moins alarmiste. Cela ne veut pas dire qu’il ne faille rien faire. Le problème ne cesse de croître et nous en sommes entièrement responsables. Il faut réagir, puis agir. Mais ne cédons pas à la panique, ce n’est que 72 plans d’eau sur un demi-million. Un peu de perspective n’a jamais fait de tort.