Transporter des patates est plus payant que transporter vos enfants
Estrie
Les représentants syndicaux (CSN) des chauffeurs d’autobus scolaire ont déposé, lundi matin, des demandes au bureau de Jean Charest pour la reconnaissance de leur métier et un salaire potable. De plus, des chauffeurs et des représentants syndicaux (CSN) de la Haute-Yamaska et de la Montérégie, ont fait une petite virée en autobus jaune jusque dans les bureaux de certains députés de la région pour signifier également leurs attentes.
Qu’en est-il exactement de ces conditions de travail? Les chauffeurs d’autobus scolaire gagnent entre 15$ et 17$ de l’heure pour une moyenne de travail de 20 heures par semaine sur des quartes de travail atypiques (tôt le matin et tard l’après-midi). Cela fait donc entre 300$ et 340$ par semaine de revenus. Si le chauffeur d’autobus ne travail pas ailleurs entre ces deux quarts de travail quotidien, il vit sous le seuil de la pauvreté. Voilà pourquoi bien des chauffeurs ont d’autres occupations professionnelles (commerce, ferme, second emplois etc.)
Autre source de frustration, chaque propriétaire de flotte d’autobus opère selon ses propres conditions. Dans certaines régions, les chauffeurs d’autobus scolaires gagnent 20$ de l’heure (400$ par semaine). Les chauffeurs dénoncent les différences salariales d’une région à l’autre. De plus, dans leurs revendications, ils désirent avoir la garantie d’avoir 30 heures de travail par semaine. Un meilleur salaire horaire soit, mais 30 heures semaines, pour faire quoi? S’ils ne travaillent pas 30 heures, pourquoi payer 30 heures? Ce point sera plus difficile à obtenir j’ai l’impression.
Quand est-il de la discipline dans les autobus scolaire aujourd’hui? Il y a un quart de siècle, c’était le cirque dans les autobus scolaire et les chauffeurs devaient avoir des nerfs d’acier. Ceux qui n’avaient pas cette qualité pétaient leur coche plus souvent qu’autrement. Dans les revendications des chauffeurs en 2010, on réclame une politique nationale de discipline à l’intérieur de véhicules scolaires. Je ne crois pas que ça va changer grand-chose. Mettez près d’une cinquantaine d’adolescents sans surveillance ou presque (le chauffeur conduit d’abord et avant tout) dans une boîte sur roues et vous allez avoir un asile ambulant. Je doute qu’une politique va changer quelque chose à ça. Pour le moment en tout cas, plus ça change plus c’est pareil. Lucien Larivière, vice-président aux griefs, les cas de violences verbales sont nombreux. De plus, la violence physique ne cesse d’augmenter. La CSN en Estrie représente les 2500 chauffeurs d’autobus scolaire.
« Le salaire moyen des gens qui transportent de la marchandise est de 23 $ l'heure, pendant que les gens qui transportent nos enfants quotidiennement sont payés entre 15 et 17 $ l'heure. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », a affirmé Jean Lacharité, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie (CCSNE), lorsqu’interrogé par Radio-Canada. Qu’on soit d’accord ou pas, en tout ou en partie, avec les revendications des chauffeurs d’autobus scolaire, cette comparaison frappe l’imaginaire. Si vous désirez vous lancer dans une carrière en transport, transportez des patates, c’est plus payant et moins durs pour les nerfs que de transporter des enfants et des adolescents.
Sources : Radio-Canada, CSN