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Phares à vendre!

Patrimoine

Source : Nicogag

Wikipedia

Nous savons tous que nos gouvernements sont dans le rouge. Déficits sur déficits s’accumulent au fil des ans tant nous vivons au-dessus de nos moyens. Qu’à cela ne tienne, il suffit de liquider notre patrimoine collectif! En effet, Ottawa a décidé de mettre en vente 480 phares actifs et 490 phares inactifs jugés excédentaires tant sur les côtes de l’Atlantique, que du Pacifique et de l’Arctique.

Qui peut acheter ça? Vous! Moi! Mais aussi des municipalités, et des organismes sans but lucratif. Seul condition à cet achat, outre son prix, c’est de l’entretenir. Cela fait partie du patrimoine tout de même…

Il y a certainement de bonnes affaires à faire puisque certains phares (surtout en Arctique penserez-vous) pourraient être vendus pour une somme symbolique. « On prévoit de céder certains sites pour un prix symbolique, mais cela dépendra de nombreux facteurs, tels la structure d'acquisition proposée, la valeur marchande du bien, les exigences écologiques liées au site, l'état du bien et les besoins éventuels de la Garde côtière concernant les aides à la navigation », a affirmé un porte-parole à l’agence France-Presse.

Certaines conditions s’appliquent pour certains phares qui devront demeurer en partie opérationnels. Les nouveaux propriétaires, dans ces cas précis, devront laisser les fonctionnaires fédéraux entretenir les installations.

Le Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD) affirme que les Conservateurs tentent de refiler la facture des opérations à des OSBL et des municipalités tout en sabrant les emplois reliés à l’entretien des phares. Le G8 et le G20 coûtent sans doute plus chers que prévu, d’où cette liquidation patrimoniale.

Commentaires

TEMPÊTE SUR LE PATRIMOINE DES PHARES

(article paru su www.pharesetbalises.org)

La tempête fait rage au Canada autour du patrimoine des phares !

D'un coté l'État fédéral qui veut se débarrasser de 976 phares dits excédentaires selon la nouvelle loi canadienne qui permet dans ce cas de vendre le phare soit à un particulier, soit une association ou une collectivité locale. La condition imposée est que le nouveau propriétaire doit entretenir le phare selon un cahier des charges et si besoin laisser le libre accès aux techniciens pour l'entretien du feu lorsqu'il y en a un.
Jusqu'à présent tout va bien...comme disait à mi-chemin de sa chute celui qui s'était jeté dans le vide...
Car si un train peut en cacher un autre, attention danger ! une disposition législative peut cacher des intentions sans doute moins glorieuses !
Reprenons le détail.
Les 976 phares concernés se répartissent environ à moitié entre actifs et phares éteints. Tous ces phares sont répartis le long des cotes canadiennes c'est à dire sur le Pacifique, l'Atlantique et l'océan arctique. Lors du vote de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux le gouvernement canadien avait affirmé qu'elle permettrait à l'État de rester responsable de la sauvegarde des phares emblématiques sur le plan patrimonial...
Or la réalité est toute autre.

Tout d'abord, qui ira acheter un phare sur l'arctique, au nord du Labrador ? Certes le spectacle y est grandiose sûrement mais la vie quotidienne quelque peu difficile et en tout cas réservée à une extrême minorité qui n'a pas forcément les moyen ou l'envie d'acquérir un phare...Alors tant pis pour ces phares sans propriétaires. Ils sont dans ce cas voués à la destruction comme le sous-tend l'absence de disposition législative de substitution pour assurer malgré tout leur protection.
Parmi les phares excédentaires se trouvent plusieurs phares emblématiques tels que Peggy's Cove en Nouvelle Écosse ou du cap Spear à Terre-Neuve-et-Labrador. La déclaration des partisans de la loi selon laquelle l'État allait rester le protecteur de ces phares emblématiques tombe à l'eau...
Parmi ces excédentaires se trouvent aussi 206 phares situés en Nouvelle Écosse et l'on comprend pourquoi les députés libéraux des régions atlantiques sont montés au créneau accusant le gouvernement canadien de brader les phares historiques et lui demandant d'arrêter ce massacre du patrimoine maritime.
À l'évidence il s'agit là de la part de l'État fédéral d'une mesure "d'économie d'échelle" comme l'ion dit si bien lorsque l'on veut faire passer une mesure délicate...
Mais dans le même temps on apprend qu'un milliard de dollars ont été dépensés pour organiser les sommets du G8 et G20 d'une durée de quelques heures...
" Les Canadiens des provinces atlantiques sont dégoûtés de voir que le gouvernement conservateur gaspille 1 milliard de dollars pour une réunion de 72 heures, tandis que dans le même temps, il dit aux citoyens que s'ils veulent conserver ces hauts lieux du patrimoine, ils devront payer de leur poche ", a déclaré Gerry Byrne, député de Humber-St. Barbe-Baie Verte et porte-parole libéral responsable des pêches et océans".
Michael Savage, le député de Dartmouth-Cole Harbour s'indigne de son côté en déclarant :
"Il est vraiment ahurissant que ce gouvernement incompétent et dépensier croie qu'il peut justifier des dépenses de 186 000 dollars pour un faux phare sculpté dans une souche d'arbre au titre du milliard de dollars gaspillé pour les sommets du G8 et du G20, tout en déclinant toute responsabilité à l'égard des vrais phares".
Siobhan Coady, députée de la circonscription de St. John's-Sud-Mount Pearl, dans laquelle se trouve le cap Spear, a déclaré que les conservateurs auraient dû employer à la sauvegarde des phares l'argent prévu pour les sommets du G8 et du G20 ...

De son coté, le ministre des Pêches et des Océans a fait une déclaration sur la fameuse loi visant à calmer cette tempête ou patrimoine et politique risquent de s'entremêler...(Lire la déclaration)

Cependant, que l'on garde à l'esprit que ce qui a lieu sur l'autre rive de l'Atlantique fini toujours par nous parvenir...
À l'évidence les conditions sont fort différentes : nous ne sommes pas un État fédéral et le nombre de phares en jeu est sans commune mesure avec la France tout comme leurs positions littorales qui chez nous n'ont rien de géographiquement hostiles. Ceci n'en est que plus dangereux car les candidats à l'achat ne manqueraient nul part en France...Même si le Grenelle de la Mer a décidé que ce patrimoine devait rester publique il n'a pas pour autant délimité le périmètre de ce patrimoine (phares, maisons-feu, logements...). La vigilance s'impose donc en ces temps de vente des biens de l'État...
Le parallèle ne s'arrête hélas pas là !
Dans un article précédent "Des colonnes pour un phare" nous faisions remarquer que la dépense pour le moins exhorbitante de 5,8 millions d'Euros pour restaurer les éclairages et la fontainerie des colonnes de Buren (et les nettoyer quand même en plus !) aurait pu aussi servir à restaurer quelques phares qui en ont vraiment besoin...

Un observateur canadien faisait remarquer que de nombreux phares sont remplacés progressivement par des tours en acier munies de projecteurs automatiques, parfois alimentés par des panneaux solaires. Ne risquons nous pas de voir cette tendance arriver en France à une époque ou les intérêts croisés de la conservation de ce patrimoine et des économies drastiques imposées aux finances publiques risquent de s'affronter ?..La chute d'Ar Men, comme certains beaux esprits en avait déjà fait leur leitmotiv, ne ferait pleurer qu'en façade ceux qui tiennent les cordons de la bourse...


Sources : dépêche AFP, site liberal.ca et MarketWire Canada