Shannon : un combat trop long
Capitale-Nationale
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui reconnaît les nombreux cas de cancers à Shannon dans la région de la Capitale-Nationale, affirme qu’aucun de ces cas depuis des décennies n’a pu être causé par le trichloréthylène (TCE) qui venait de la base militaire de Valcartier. C’est un revers majeur pour les citoyens de Shannon qui ont intenté un recours collectif contre le gouvernement du Canada.
De nombreux malades sont déjà tombés au combat, la plupart risquent d’être passé de vie à trépas lorsqu’on saura la vérité sur ce qui se passe là-bas. Si le TCE n’a pas causé tous ces cancers, pourquoi y a-t-il une plus grande prévalence de cancers à Shannon? Quelqu’un peut-il donner une réponse précise à cet égard? Bien sûr que non. Il est vrai qu’on ne peut prouver, cas pas cas, sur certaines personnes déjà décédées en plus, si leur cancer est causé par le TCE.
L’INSPQ a rendu publique trois études cet été qui, toutes, démolissent les conclusions de travaux menés auparavant par le docteur Raymond Van Coilie. Ce docteur (Phd) en toxicologie environnementale aurait erré dans sa façon de recueillir des données et ses conclusions n’en seraient pas crédibles. Pour des profanes comme les journalistes, comparer les deux points de vue et trouver qui a tort et qui a raison est tâche impossible.
Les contre-expertises de l’INSPQ estiment que l’expert en toxicologie environnementale a réalisé une étude qui comporte des faiblesses importantes, avec un échantillon de population mal définie, une estimation de son exposition approximative, un recensement des cas de cancers incomplet quant aux causes possibles. En effet, on n’aurait fait aucun état des habitudes de vie des malades : consommation de l’eau du robinet, tabac, alcool, profession etc. Toutes des données susceptibles d’augmenter les risques de développer le cancer. Les résultats recueillis par Van Coilie ne permettraient pas, selon l’INSPQ, de tisser un lien direct entre les cas de cancers de Shannon et le TCE. Pour L’INSPQ, le TCE entraînerait des cancers dans plusieurs générations s’il devait s’avérer qu’il y ait une contamination sérieuse. Le docteur VanCoilie avait été engagé par le Regroupement des citoyens de Shannon. L’objectif de se groupe est de prouver que les TCE sont responsables de plus de 200 décès de cancer dans la région. Cela fait des années que le groupe se bat. Les études de l’INSPQ viennent jeter une douche froide sur les espoirs de ce groupe et mettent en doute la crédibilité du Dr. VanCoilie sur sa méthodologie. De là à mettre en doute sa partialité, il n’y aurait qu’un pas : un homme vendu à une cause fait dire aux chiffres ce qu’il veut bien.
Ce que l’on sait, c’est que le TCE est un solvant très efficace utilisé il y a soixante ans environ pour nettoyer l’équipement de tir. Le TCE a ensuite rejoint la nappe phréatique et a ensuite contaminé certaines prises d’eau potables de Shannon.
Le combat des citoyens de Shannon ne dure que depuis trop longtemps. L’INSPQ a démoli l’étude de Van Coilie soit. Pour un profane, difficile à dire si c’était la bonne chose à faire ou pas. À Van Coilie de se défendre. Mais il est étonnant que l’INSPQ et le gouvernement du Canada ne fassent pas des pieds et des mains pour tenter de trouver la cause des nombreux cancers qui pullulent à Shannon et ainsi épauler et rassurer la population. C’est bien beau la rigueur scientifique et tous les fonds publics investis pour prouver que le TCE ne provoque pas les cancers à Shannon. Je ne suis pas apte à juger de la pertinence des conclusions des uns ou des autres. J’aurais toutefois bien aimé que ces fonds publics servent à trouver les causes des cancers à Shannon. Cela fait trop longtemps que les victimes sont complètement laissées à elle-mêmes. Le recours collectif est l'illustration ultime d'un manque de dialogue et d'écoute. À défaut d'être écouté et épaulé : payez! Réaction normale de la part des victimes.
Le cas de Shannon est vraiment un combat trop long et injuste pour les victimes. C’est d’autant plus vrai que qu’il semble y avoir peu d’empathie et de compréhension de la part d’Ottawa et Québec.