L’oligopole de l’alimentation veut abolir la consigne des cannettes.
Opinion du citadin
Les supermarchés au Québec veulent abolir la consigne sur les canettes. Celles-ci, selon eux, devraient plutôt se retrouver dans les bacs de recyclage. C’est ce que les représentants de cet oligopole, formé de Métro, Loblaw et IGA, sont allés dire devant la Commission des transports et de l’environnement qui tient présentement une consultation sur la gestion des matières résiduelles au Québec. L’oligopole se nomme le Conseil canadien des distributeurs en alimentation.
Les représentants de l’oligopole ont fait valoir les bienfaits d’éliminer la consigne sur toutes les cannettes en aluminium et les bouteilles en plastiques. Selon leurs dires, les consommateurs n’ont pas besoin d’une récompense pour récupérer lesdits emballages. En effet, nous, les consommateurs, sommes motivés à faire notre part pour l’environnement. Pour étayer leurs propos, les porte-paroles affirment que le taux global de récupération des contenants à remplissage unique au recyclage est de 67% contre 71% pour la consigne.
Étant donné que plusieurs contenants de verre et de plastique ne sont pas consignés (eau minérale, jus de fruit, certaines boissons gazeuses), tout envoyer au recyclage simplifierait la vie des consommateurs, selon Alain Brisebois, VP principal, division Québec, de Métro. Ce dernier a de plus affirmé qu’il en coûterait moins cher à l’achat aux consommateurs. Et bien moi, en tant que consommateur, je ne trouve pas que ça me simplifierait la vie. J’estime que la consigne est une bonne façon de récupérer tout en se responsabilisant. J’irai plus loin, il faudrait que tous les contenants de verre et de plastique soient consignés. C’est ce que je pense. Oups, on dirait que je ne suis pas le genre de consommateur dont parle l’oligopole.
Mais la meilleure, c’est celle-ci. Voici ce que l’ineffable monsieur Brisebois, de Métro, a affirmé devant la Commission : «On investit des millions de dollars pour rénover nos magasins et les rendre plus attrayants. Et qu'est-ce que vous voyez en entrant? Quatre immenses gobeuses avec des gens en ligne qui essaient de rentrer des cannettes avec du jus qui coule. C'est un peu absurde». Comme c’est terrible. Ça fait pitié, il faut les aider! Abolissons cette foutue consigne! Ok, mais cette demande vient de l’oligopole, pas des consommateurs qui, je l’espère, se dissocieront massivement de cette prise de position.
Le polystyrène n’est plus recyclé au Québec, il se retrouve désormais dans la poubelle. Maintenant on songe à abandonner la consigne dans les supermarchés. On est loin du 65% de matières résiduelles recyclées (objectif fixé par Québec pour cette année). Selon moi, le recyclage recule et la consigne, qui devrait s’étendre, risque de disparaître. Pas tout à fait, puisque les supermarchés sont bien près à garder les consignes de la bière qui a un taux de récupération de 98%. Quel gain!
Il y a aussi l’Association des détaillants en alimentation et l’Association des restaurateurs du Québec qui plaident en faveur de l’abandon de la consigne.
Par chance, d’autres proposent l’inverse. En effet, l’Association des brasseurs du Québec proposent, eux, d’étendre à un maximum de contenants la consigne et d’en hausser les prix pour la rendre encore plus motivante.
Le Conseil canadien des distributeurs en alimentation, qui affirme parler pour le bien des consommateurs, ne parle que pour lui-même. Il fait la preuve aujourd’hui qu’il est un mauvais citoyen corporatif en proposant l’abandon de la consigne.
Il reste à espérer que ses recommandations absurdes et rétrogrades soient tablettées définitivement.